Revenons à l’école française et à l’importance du Conservatoire de Paris.
Lors de mes études, notamment de musique ancienne à la UdK de Berlin, j’ai beaucoup travaillé sur les premiers professeurs de violon du Conservatoire de Paris. C’est une période intense où on essaie de classifier les choses, d’organiser les grands principes pour fonder une école justement. Les fondateurs sont issus de l’école italienne portée par Viotti : Baillot, Kreutzer, Rode. Ils écrivent d’ailleurs ensemble une “Méthode de violon” publié en 1802 qui fixe les axes essentiels de la pédagogie du violon.
Et ces grands virtuoses ont un grand impact sur leur temps. Ils composent de nombreux concertos de violon par exemple (des dizaines chacun !). Et ils impressionnent les compositeurs de leur époque, notamment Beethoven qui écrit par exemple sa 10e sonate pour Rode. Dans la correspondance de Beethoven, on trouve même que Rode suggère même au compositeur allemand que le finale de la sonate soit plutôt “calme”. La sonate à Kreutzer laisse à penser que Kreutzer en est le dédicataire, or il n’en est rien. Il s’agit d’une dédicace trompeuse puisque cette 9e sonate était en fait dédiée à un jeune prodige George Bridgetower.
Mais l’impact de Kreutzer et des autres virtuoses français se fait fortement sentir sur le Concerto de violon. On y retrouve tous les types d’écriture que développent ces violonistes et qu’ils ont systématiquement compilés dans leurs célèbres cahiers d’études (aussi géniaux que fastidieux pour les élèves !).
Et d’ailleurs la coloration française, révolutionnaire du Concerto éclate au grand jour quand on écoute la cadence que Beethoven a écrite pour la version piano et orchestre de ce concerto.
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Dans la longue cadence (qui commence à la minute 18’20 ici), surgit une marche…qui ressemble fort à la Marseillaise et la timbale dialogue avec le soliste!
(19’27!). Il existe d’ailleurs une transcription de cette cadence pour le violon.
Bref !