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La vie d’une musicienne dans votre boîte aux lettres !

Retrouvez chaque semaine dans votre boîte mail un nouvel article de Marina dans la série « Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la vie d’un musicien pro » !

Un ton personnel, humoristique, à la fois pédagogique et simple pour vous faire partager des expériences parfois inattendues : 

.de la gestion du trac à la mémorisation, 
.de la santé des musiciens à la préparation d’un concert, 
.de l’histoire des grands violonistes à l’enregistrement d’un disque !

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#37 – Les “bis”

#37 - Les “bis”
Une histoire de pièces de genre, d'arrangements et ...de marguerites ! 🌼

🗓SAVE THE DATES
🗓SAVE THE DATES
– le 28 Janvier à Marseille au Théâtre de La Criée

– Concert de sortie de mon nouvel album à Paris le 3 Mars au Reid Hall ❗
Plus d’infos prochainement

Les "bis" et pièces de genre

ou pourquoi le classique peut être aussi populaire que la pop’ ! 😉

 

Aujourd’hui j’aimerais vous parler plus en détail d’une partie du répertoire que j’affectionne particulièrement : les « bis », les miniatures ou encore « pièces de genre ».

 

C’est un genre de musique qui est parfois laissé de côté, peu joué de nos jours et qualifié de léger par opposition à un autre répertoire dit « sérieux ».

 

Pourtant ces pièces peuvent être parfois miraculeuses et révéler un art particulièrement raffiné de la part des compositeurs et de leurs interprètes.

1. Enfance et rêves de violon

C’est par ce répertoire que j’ai cristallisé mes premières impressions fortes autour du violon, celles qui laissent une marque indélébile dans l’imaginaire et qui scellent des destinées.

 

C’est avec certaines de ces pièces de Fritz Kreisler notamment (dont je vous parlais la semaine dernière) que j’ai commencé mon apprentissage du violon.

 

Puis c’est mon professeur à Marseille, le violoniste d’origine arménienne Jean Ter Merguerian, élève de David Oïstrakh qui m’a initiée à la sensibilité aux détails : un art du dosage.

 

 

Une histoire de filiation… J’avais entre 11 et 15 ans. Rien n’était laissé au hasard.
Tout était passé au peigne fin. Dosage de chaque glissade, de chaque coup d’archet, car la magie ne tient qu’à un fil.

C’est d’ailleurs lui qui m’a fait découvrir les enregistrements historiques de David Oïstrakh, Jacques Thibaud, Ginette Neveu et, avant tout, de Jascha Heifetz ; une transmission d’un savoir-faire et une éducation du goût.

 

Ces pièces de genre, souvent courtes ont été largement enregistrées par les grands violonistes.
Aux premières heures de l’enregistrement, ces formats courts correspondaient parfaitement aux possibilités techniques limitées des disques (cire puis vinyles) en ce qui concerne la durée. Ils correspondaient aussi tout à fait au goût du public.

2. Un moment spécial du concert

Les « bis », c’est aussi un état d’esprit particulier pour les interprètes. Cela correspond à un moment de partage pur, où une certaine détente s’installe (enfin !).

C’est le moment où, ayant fait ses preuves avec des œuvres plus « sérieuses », on se sent libre de se faire plaisir et faire plaisir à son public sans retenue, en rivalisant de virtuosité, de panache ou de lyrisme selon les fois.

 

On raconte que le grand pianiste Vladimir Horowitz faisait parfois une dizaine de bis à la fin de ses récitals. Certaines n’attendaient que ce moment !

 

Un peu comme à un concert de jazz, où l’on attend les standards

 

 

ou, en pop, un « tube » que l’on connait par coeur … le moment où on sortirait un briquet dans un concert d’un chanteur à succès.

 

Il existe d’ailleurs des histoires savoureuses. Certains grands violonistes (on cite Bronislaw Huberman ou Misha Elman comme exemple selon les sources) profitaient de bis assez simples pour compter le nombre de personnes dans le public pour ne pas se faire arnaquer par son impresario !

3. Play it again Sam

« Bis« , ce mot latin veut bien dire littéralement « une deuxième fois, une répétition ». D’ailleurs en anglais, on dit « encore ».

 

En allemand, ont dit « Zugabe » – dazu + geben ( donner en plus ) : un supplément !  » – dazu + geben ( donner en plus ) : un supplément ! peut-être un supplément d’âme aussi !

 

En tout cas, un moment de générosité, les interprètes font don d’une pièce, rajoutée après un programme.

 

Cette idée de répétition vient de l’histoire aussi, notamment du monde de l’opéra.

 

En effet, il n’était pas rare au XVIIIe et XIXe qu’un chanteur ou une chanteuse soit tellement applaudi.e qu’il devait répéter son air, son « numéro ». Il bissait !
Et ce, quitte à interrompre le rythme dramatique et à sacrifier toute forme de logique narrative…

4. Pièces de genre

Souvent il s’agit de « vignettes » musicales qui peuvent être des danses de caractère ou évocations de couleurs locales, un peu comme dans un album de voyage. Des cartes postales.

À chaque vignette parfois jaunie, on imagine une histoire, une situation ou un souvenir qui nous transporte aussitôt dans le temps et dans l’espace.
Par exemple, on valse dans une Vienne nostalgique…

Marina Chiche & Aurélien Pontier / Kreisler Liebesleid

 

Souvent, on y danse dans une Espagne fantasmée (les « espagnolades » de Sarasate par exemple), ou encore on récite ou chante une Romance …Il y a plusieurs typologies que l’on peut distinguer!

 

Virtuosité ou lyrisme, couleurs nationales, il y a en a pour tous les goûts et toutes les ambiances !

 

Cela ressemble aussi aux courtes séquences de danses de caractère, numéros attendus dans un ballet du XIXe.

 

Vous vous souvenez des illustrations géniales du Casse-Noisette dans Fantasia ?

 

5. Transcriptions, arrangements

Il s’agit rarement de compositions originales. Beaucoup reposent sur le principe soit de la transcription, de l’arrangement voire du pastiche.

 

L’idée de l’arrangement et de la transcription remonte à loin dans l’histoire. Cela se pratiquait par exemple au Moyen-âge et à l’époque baroque, non-stop ! (concertos de Bach, Vivaldi…)

 

En effet, on faisait passer une œuvre à un autre instrument. Une manière de transporter la musique et aussi de se l’approprier !

 

L’écriture d’un arrangement réussi peut être bien plus complexe qu’il n’y parait car il faut arriver à s’adapter aux contraintes de l’instrument pour lequel on écrit, tout en exploitant toutes ses possibilités idiomatiques et autres effets techniques (pizzicato, harmoniques pour le violon).

 

Une transcription est réussie lorsque l’on a Une transcription est réussie lorsque l’on a l’impression que la pièce a été écrite pour cet instrument dès le départ !

 

Cela peut générer une grande virtuosité pour les interprètes.

 

Pour les écrire, il faut faire preuve d’une sacrée imagination ; certaines sont d’ailleurs plus ou moins fidèles à l’original.

Et parfois, elles sont … encore meilleures ! 😀

6. Jeu sonore ou trois nuances de marguerites ! 🎶

Je vous propose d’écouter trois versions de la même œuvre :

Marguerites / Daisies de Rachmaninoff

– la version originale (originelle ?!) pour voix et piano

– la transcription pour piano seul qu’en a faite Rachmaninoff lui-même
=> par lui-même ! ⭐️
qu’en a faite Rachmaninoff lui-même
=> par lui-même ! ⭐️
Rachmaninoff plays Rachmaninoff

– la transcription qu’en a faite le grand Jascha Heifetz pour violon et piano !

  • La version originelle de Daisies de Rachmaninoff – pour voix et piano. Texte en russe.
  • Rachmaninoff joue sa transcription pour piano de la mélodie qu’il a écrite pour chant et piano.
  • Jascha Heifetz joue sa transcription de Daisies de Rachmaninoff… Un régal !
    Comme si cette oeuvre était écrite pour le violon…

https://www.youtube.com/embed/7NioODDAGwU

Fascinant, n’est-ce pas ?
Vous préférez laquelle ?

P.-S. :

En Février 2020 sortira chez NomadMusic mon nouvel album avec au piano, Aurélien Pontier 🎹 en hommage à Fritz Kreisler et à Jascha Heifetz 😉

Sans trop en dévoiler, je peux vous dire qu’il y aura des valses…et des fleurs! 🌼

💿 Dans les bacs et en ligne, le 7 Février !

🗓SAVE THE DATE : Concert de sortie à Paris le 3 MARS 2020 au Reid Hall

 

🎬

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#36 – Fritz Kreisler, le grand violoniste qui avait fait médecine

#36 - Fritz Kreisler, le grand violoniste qui avait fait médecine
Une histoire de médecine, de tranchées et de... disque de violon !

🗓SAVE THE DATES
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– le 28 Janvier à Marseille au Théâtre de La Criée

– le 3 Mars à Paris : Concert de sortie de mon nouvel album au Reid Hall ❗
Plus d’infos prochainement

Peut-on faire médecine et devenir un grand violoniste ?

ou pourquoi tout le monde devrait connaitre Fritz Kreisler !

 

Aujourd’hui j’aimerais vous parler du grand violoniste autrichien Fritz Kreisler (1875-1962).
Kreisler était un immense violoniste, sans doute l’un des plus grands du XXe siècle. Il laisse des enregistrements d’anthologie et tous les musiciens qui ont eu la chance de l’entendre en vrai et de le côtoyer sont unanimes : c’était un violoniste unique, à la sonorité absolument irrésistible et un vrai gentleman.

 

 

A écouter absolument !
💿 A écouter absolument !
💿 Kreisler by Kreisler : cliquez ici

Un parcours de vie exceptionnel

Fritz Kreisler, c’est aussi un parcours de vie passionnant, la petite et la grande histoire qui se croisent et une source inspiration pour tout le monde !

A suivre les différentes phases de sa vie et de sa carrière, on retrouve des valeurs de persévérance et de curiosité, des doutes, des échecs et de triomphes, des exils, une force de réinvention de soi…

Regardez plutôt !

  • Après des études précoces au Conservatoire de Vienne, il vient étudier au Conservatoire de Paris et en ressort avec son premier prix à douze ans.

    et en ressort avec son premier prix à douze ans.

    Ce fut une de mes grandes découvertes de l’été lors de mes recherches sur la grande violoniste française Ginette Neveu (1919-1949) : combien de grands violonistes du monde entier sont passés par le conservatoire de Paris au XIXe puis au début du XXe !



    => Sur ce sujet, vous pouvez ré-écouter en podcast l’épisode 4 de la série « Mon coeur est un violon » intitulé  » Paris 1900 : Capitale du violon « 

 

 

Kreisler y étudie dans la classe du belge Lambert Massart qui écrit à son père :
 » J’ai été le professeur de Wieniawski et de beaucoup d’autres, mais le petit Fritz sera le plus grand de tous. « 

  • Il fait ses débuts aux Etats-Unis comme enfant prodige lors d’une grande tournée. Pourtant sa carrière de prodige ne décolle pas vraiment !
  • Alors, il rentre à Vienne faire des études générales et se passionne de littérature, apprend plusieurs langues ainsi que le latin et le grec.



    Qui a dit qu’il fallait ne faire « que » de la musique ? Et si la spécialisation n’était qu’une obsession de notre temps, même dans le domaine de la musique ?
  • Il fait deux ans d’études de médecine à l’université de Vienne, études qu’il abandonne pour aller faire un an de service militaire obligatoire.

    A son retour, il reprend le violon ! Mais les choses ne sont pas simples…Entre-temps plusieurs enfants prodiges fraîchement arrivés occupent la scène.
  • il rate le concours pour devenir assistant-concertmaster (premier violon solo) de ce qui sera l’Orchestre philharmonique de Vienne.
    On ne parle que bien rarement des échecs, pourtant qui n’a pas connu ce genre d’expérience ?
  • Il travaille encore plus intensément. Un an après, le chef Hans Richter l’invite à jouer en soliste avec cet orchestre qui ne l’avait pas accepté dans ses rangs !
    qui ne l’avait pas accepté dans ses rangs !
    belle preuve de persévérance
  • Sa carrière internationale explose : Berlin, toute l’Europe, les Etats-Unis à nouveau.
    Il enregistre notamment des disques pour le label RCA Victor et devient un nom célébrissime comme le ténor Caruso ou le pianiste Paderewski – un des Victor Immortals.

 

 

Il faudrait là aussi citer la merveilleuse violoniste américaine Maud Powell (1862-1920), qui a été tristement invisibilisée dans l’écriture de l’histoire des grands violonistes.
Je vous reparlerai !

  • La petite et la grande histoire se croisent
    Kreisler se retrouve engagé dans les tranchées de la 1ère Guerre mondiale du côté autrichien.

    Blessé sur le front russe, il écrit un livre là-dessus : Four weeks in the trenches.

 

 

Mais lorsque les Etats-Unis rentrent en guerre en 1917, cela se retourne contre lui ! Il doit alors annuler tous ses concerts. Il écrit un long texte dans le Mais lorsque les Etats-Unis rentrent en guerre en 1917, cela se retourne contre lui ! Il doit alors annuler tous ses concerts. Il écrit un long texte dans le New York Times pour justifier sa neutralité.

Sa popularité finit par se rétablir.

  • Puis c’est la 2e Guerre Mondiale qui s’annonce et des exils successifs.
    Kreisler établi alors à Berlin quitte l’Allemagne pour la France qui lui offre la citoyenneté francaise en 1938.
    Ceci dure jusqu’à l’établissement du régime de Vichy en 1940. Kreisler part alors pour les Etats-Unis.

Des disques et des "bis" ! 💿

Heureusement pour nous, il reste de très belles traces discographiques, accessibles grâce à de nombreuses « remasterisations ».

  • Par exemple, des enregistrements fabuleux avec le grand pianiste russe Sergei Rachmaninoff (1873-1943) : Sonates de Grieg, Schubert, et la 8e de Beethoven.
    Collector – Avis aux amateurs 
    ou avec le ténor irlandais John McCormack.
  • Et les « bis » :
    Les bis, ce sont ces pièces courtes que l’on joue à la fin d’un récital, des « miniatures », pièces tantôt virtuoses, tantôt lyriques.
    Parfois il s’agit d’arrangements ou de transcriptions de mélodies célèbres ou de pièces écrites pour d’autres instruments.
    Je vous en parlais déjà dans un article précédent sur les enregistrements des violonistes du passé !

    ⭐️ On pourrait dire qu’il s’agit de la pop de la musique classique
    mais attention, pour les jouer, il faut développer tout un art subtil, rechercher une forme d’élégance et de charme sonore pour rendre tous les détails avec une aisance qui doit faire sembler l’exécution absolument sans effort !
    Et en cela, Kreisler était un maître du genre !
  • Le canular Kreisler

 

Kreisler a d’ailleurs lui-même composé une quantité incroyable de ces pièces, toutes plus réussies les unes que les autres. Des bijoux !

Mais il les avait écrites pour les jouer à la fin de ses récitals et conquérir le coeur du public. A cette époque, il ne souhaitait toutefois pas paraitre présomptueux en faisant constamment figurer son nom au programme.
Alors il trouve un subterfuge qui resta un secret pendant longtemps. Il dit qu’il avait retrouvé dans un couvent du Sud de la France des vieux manuscrits et qu’il les avait légèrement arrangés.

En 1935, il avoue le canular. En fait, il s’agit de ses propres compositions, parfois des pastiches et des mélodies originales.

Certains critiques, vexés, lui en tiennent rigueur et dénigrent ces pièces – pourtant irrésistibles.
Elles seront d’ailleurs adoptées depuis par tous les violonistes !

 

 

Rien de tel que : Kreisler plays Kreisler !

 

  • Outre ce répertoire, Kreisler laisse des cadences merveilleuses pour certains concertos dont celle du Beethoven, très célèbre. Celle du Brahms est aussi sublime et j’adore particuliérement celle écrite pour le Concerto de Paganini, concerto dont il a écrit une version géniale réorchestrée avec des touches viennoises et des touches quasi hollywoodiennes. Un régal !
  • Il existe aussi une très belle pièce solo dédiée au grand violoniste belge Eugène Ysaye (1858-1931) – Récitativo & Scherzo-Caprice que j’adore jouer.
    C’était une époque où les grands violonistes, amis, composaient pour le violon et s’offraient des pièces entre eux. Ysaye lui dédiera sa 4e sonate.

https://www.youtube.com/embed/qhQV__lLxxw

Live Novembre 2019 à la Synagogue Copernic

P.-S. :

En Février 2020 sortira chez NomadMusic mon nouvel album en hommage à Fritz Kreisler – il est en cours de finalisation… 😉
💿 Stay tuned …

🎬

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Parlons-en en commentaires ! Je me réjouis de vous y retrouver ! ✍️

#35 – Le Duo Ferras-Barbizet 🎻🎹

#35 - Le Duo Ferras-Barbizet 🎻🎹

🗓🗓Le 28 Janvier à Marseille au Théâtre de La Criée je serai en récital avec le pianiste Abdel Rahman El Bacha.

Nous jouerons un récital hommage au grand duo formé par Christian Ferras et Pierre Barbizet.
🎶Au programme : Mozart, Franck et Beethoven

 

Pour plus d’infos : cliquez ici

 

Ce concert me tient particulièrement à coeur car j’ai eu la chance, toute gamine, de croiser Pierre Barbizet (1922-1990) dans les couloirs du conservatoire de Marseille. Il en était le Directeur.

 

Barbizet, originaire du Chili, était un homme charismatique, avec un humour incroyable.
Sa devise était de « tout prendre au sérieux, sauf soi-même ».

Je viens de retrouver cette archive vidéo que je voulais partager avec vous :

https://www.youtube.com/embed/WLyDCTj-FfM

 

Avec Christian Ferras (1933-1982), immense violoniste à la sonorité onctueuse, bouleversante, élève du grand violoniste et compositieur roumain Georges Enesco, il forma un duo magistral.

Il existe une archive vidéo collector très célèbre du Concerto de Sibelius avec Ferras et un tout jeune Zubin Mehta à la baguette. Cette version est renversante.

❗avec Ferras et un tout jeune Zubin Mehta à la baguette. Cette version est renversante.

Si vous ne la connaissez pas encore, à voir ABSOLUMENT ! (vous m’en direz des nouvelles !)
Et si vous la connaissez déjà, à revoir !!

https://www.youtube.com/embed/qYR9ychIPJc

 

Barbizet et Ferras se sont rencontrés lors du concours de Scheveningen en 1948.
Ferras, âgé de 14 ans remporte le 1er prix en violon, ex-aequo avec Michel Schwalbé, alors âgé dée 29 ans – le futur Konzertmeister du Philharmonique de Berlin dont je vous parlais dans l’épisode nr.5 migrations et exils de “Mon coeur est un violon” cet été sur France Musique.

 

 


Barbizet lui âgé de 26 ans remporte le 1er prix en piano et sympathise avec le jeune Christian Ferras.
Ils vont travailler en duo auprès d’Enesco.

Il existe des archives INA audio extraordinaires où Barbizet raconte comment Enesco les accueillait, à la fin de sa vie, tout courbé, extraordinaires où Barbizet raconte comment Enesco les accueillait, à la fin de sa vie, tout courbé, avec des pellicules sur les épaules !

 

Enesco à la fin de sa vie !

 

Il était toujours d’une grande courtoisie et d’humilité remarquable. La seule fois où Barbizet avait vu Enesco perdre un peu patience, c’était quand il n’avait pas assez fait entendre une ligne de basse dans sa main gauche de pianiste…
Enesco était un homme qui respirait la musique, qui était la musique…et qui a profondément inspiré tous les musiciens qui l’ont côtoyé.

Barbizet et Ferras formeront alors un duo célèbre qui durera jusqu’au suicide de Ferras en 1982…
Tragique lignée du violon francais au XXe siècle avec le décès prématuré de Ginette Neveu dans le crash du Constellation en 1949 suivi par le décès de Jacques Thibaud dans le crash du Mont Cimet en 1953…


Heureusement ils restent de merveilleuses traces discographiques : leur intégrale des sonates de Beethoven en 1958 chez EMI, mais également les sonates de Brahms, Debussy, Fauré, Franck.

Je vous avais déjà parlé notamment de la trop rarement jouée Sonate de Lekeu dans un article sur ledans un article sur le Duo violon-piano.

 

 

Ce duo avait pour habitude de jouer par coeur, tous les deux ce qui est assez rare.

 

Les voilà dans la sonate de Franck

https://www.youtube.com/embed/8wmTm_–d2Q

 

Ils apprenaient leurs parties mentalement durant leur déplacement en train, en tournée.

 

Lors de ce concert-hommage, Abdel Rahman El Bacha et moi-même reprendrons d’ailleurs cette tradition et jouerons par coeur.

 

Je vous en parlais déjà dans un article que je vous invite à relire sur la mémorisation.

 

 

De mon côte, en phase de travail intense aussi, je m’y replonge … AU BOULOT !

 

🎬

 

Likez, partagez et diffusez cet article s’il vous a plu et surtout venez discuter avec moi dans les commentaires !

Vous connaissiez ce Sibelius par Ferras ?

❤️🎻Retrouvez les huit épisodes de « Mon coeur est un violon »  en podcast sur le site de France Musique

👉 ici 

En repensant aux temps de mes études, je me suis rappelée avoir passé des jours et des nuits à écouter les grands violonistes du XXe siècle.
Jascha Heifetz, Mischa Elman, David Oistrakh, Nathan Milstein, Yehudi Menuhin, Isaac Stern, Christian Ferras, Ginette Neveu, bien sûr…

Des supports d’identification, des modèles...

…des figures qui permettent à un ou une jeune violoniste de – secrètement – se projeter, se rêver soliste dans les grandes pages concertantes par exemple.

 

Combien de fois ai-je pu écouter le Concerto de Sibelius par Heifetz ?
Il m’arrivait même de l’écouter en repassant. (Si, si !) Et  croyez-moi, j’en ai brûlé des chemises, tellement j’étais hypnotisée par l’incandescence de son jeu.

 

Outre les grandes œuvres du répertoire, il y avait aussi les albums fétiches, ceux qu’on écoute souvent voire un peu … beaucoup trop souvent.

 

Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaitre… 😅

 

C’était bien avant Youtube, les plateformes de streaming avec playlists sur Spotify, Deezer ou autres.

 

📼J’ai même écouté certaines œuvres exclusivement sur cassette ! (Notamment le Concerto de Korngold et la Sonate de Richard Strauss qu’un ami m’avait ainsi fait découvrir).
Et inéluctablement, je devais les rembobiner à l’aide d’un stylo bic… jusqu’à ce que la cassette rende l’âme.

Un CD fétiche

J’ai réussi à rayer un CD à force de trop l’écouter et de le transporter partout : c’était un album de Heifetz avec les « petites pièces », les  » bis  » –  ces pièces de genre que l’on joue à la fin d’un récital.

 

Un « doudou » discographique – on pourrait presque appeler cela de la musicothérapie !

 

Une succession de gourmandises violonistiques qui venaient m’apporter du baume au coeur dans une phase intense d’études bien solitaires à Vienne, où mon professeur exigeait de moi non 6-8 heures de travail quotidien mais 10 heures !

 

Je connaissais cet album si bien que je connaissais l’enchainement de chaque numéro par cœur. Je n’écoutais même plus réellement le disque, je le rêvais !
Dans l’intervalle entre les pièces je pressentais ce qui allait venir et je ressentais déjà les émotions qui m’attendaient.

 

Les enregistrements des grands violonistes, ce sont des madeleines pour moi : des objets autour desquels j’ai cristallisé des souvenirs de différentes époques.

Historique

Il faut dire qu’il existe des enregistrements culte, qui portent en eux une dimension historique.

 

Ces grands violonistes dont je vous parle, ce sont ceux du XXe siècle, époque de l’avènement de l’enregistrement, sur rouleau de cire puis par signaux électriques, les vinyles puis le CD …(je vous en reparlerai dans un prochain numéro)

 

Un âge d’or où les grands violonistes diffusaient leur art au plus grand nombre (la reproductibilité technique dont parle Walter Benjamin ) et laissaient ainsi une trace pour la postérité.


Postérité et personnalités

Auparavant, un grand violoniste restait dans l’histoire par des pièces qu’il composait ou arrangeait : Viotti, Kreutzer, Paganini, Wieniawski, Sarasate… 

 

Avec l’enregistrement, l’empreinte se fait par des traces discographiques à partir desquelles des générations ont nourri un imaginaire et ont construit leur idéal sonore.

 

A chaque grand violoniste, sa signature – un son unique que l’on identifie au bout de quelques secondes. Aucun doute, c’est bien le violoniste qui « fait » le son, de manière assez irrationnelle d’ailleurs.

Témoignages d’un autre temps

Ces disques des violonistes du passé, ce sont aussi des manières de percevoir un « Zeitgeist », un air du temps – par exemple, le charme inimitable de Jacques Thibaud ou de Fritz Kreisler.



Des documents précieux qui nous donnent des informations d’interprétation d’une époque. Comment jouait-t-on à l’époque de Saint-Saens, Fauré ou Debussy ? Quelle merveille de pouvoir entendre Thibaud avec Cortot jouer les grandes sonates francaises.
Comment résister à l’usage savoureux du portamento, cette manière de relier les sons si vocale. (On dit aussi des ports de voix.) 

Collaborations au sommet

Parmi ces enregistrements des grands violonistes, existent des collaborations extraordinaires :

Avec d'immenses pianistes

Par exemple les enregistrements de Fritz Kreisler avec Sergei Rachmaninoff ou de Jascha Heifetz avec Arthur Rubinstein, sans parler du  Million-dollar-trio Heifetz-Rubinstein-Piatigorski. 

Avec de grands chefs d’orchestre

Pour n’en citer qu’un, le concerto de Beethoven Heifetz/Toscanini…cela fait presque trembler d’imaginer la rencontre de ces deux géants.



Les techniques et des conditions d’enregistrement

Les techniques et les conditions d’enregistrement étaient bien différentes des conditions actuelles. 
Certes, quand on écoute ces disques de nos jours, il faut un temps d’adaptation, il faut s’habituer au frottement, aux imperfections sonores, un peu comme si on entendait un feu de bois crépiter.
Mais souvent les sonorités sont si émouvantes.

Et il est saisissant d’imaginer que ces enregistrements ont parfois été fait en très peu de prises.  
Lors d’une séance, il fallait faire preuve d’une intensité folle.

Ginette Neveu a enregistré son concerto de Sibelius (culte!) en une journée. C’était son seul jour libre au milieu d’une tournée en Angleterre. Elle finit le soir par le 2e mouvement, le cou en sang !

Chemins de vie et filiations

Je vous parlais de Ginette Neveu dont la trajectoire aussi fulgurante que tragique serre le coeur.

Souvent avec les grands violonistes du XXe siècle, se dessinent des chemins d’exils, où la petite et la grande histoire se rencontrent. 
Cela je le racontais déjà dans l’épisode 5 de l’émission « Mon coeur est un violon » : Migrations et exils violonistiques, où je suivais les lauréats du concours Wieniawski de 1935 (que Ginette Neveu avait brillamment gagné !).

D’autres violonistes comme Heifetz ou Milstein quittèrent la Russie qui devint soviétique. Fritz Kreisler eut aussi une trajectoire incroyable, de Vienne à New York en passant par Paris.  
L’intersection entre la petite et la grande histoire me fascine. Tout cela, je vous le raconterai dans un prochain numéro !

 

Filiations

Et avec ces migrations, ce sont des écoles du violon qui ont circulé, créant des lignées étonnantes. 

Saviez-vous que : 

  • le violoniste Eugène Ysaye avait dirigé et enseigné à Cincinnati ?
  • Wieniawski, Sarasate, Kreisler, Enesco et Carl Flesch étaient passés par le Conservatoire de Paris ? 
Migrations, exils, croisements : c’est ainsi qu’est faite l’histoire du violon et des violonistes.

De manière plus personnelle, mon professeur à Marseille Jean Ter Merguerian, qui m’initia le premier aux enregistrements des grands violonistes, avait étudié à Moscou avec Oistrakh et était « fan » d’Heifetz.

Plus tard, ma professeure Ana Chumachenco à Münich, argentine d’origine ukrainienne, avait, elle, étudié en Argentine avec Ljerko Spiller, un violoniste croate, formé à Paris auprès de Jacques Thibaud, puis une fois arrivée en Europe, elle avait été proche de Yehudi Menuhin et du hongrois Sandro Vegh…

Vertigineux !

Des nains sur les épaules de géants

Lors de mon passage au conservatoire de Paris, certains professeurs s’inquiétaient du fait que j’essaie d’imiter ces grands violonistes, à force de trop les écouter. 

 

Mais l’imitation est présente dans tant d’apprentissage (du yoga aux beaux-arts), c’est souvent une étape essentielle du développement.

 

Et au-delà de l’imitation ou d’un culte qui pourrait semblait trop nostalgique, il s’agit d’une inspiration si porteuse.

 

Un interprète (dont je vous parlais dans le numéro précédent) ne nait pas de nulle part. Il est le fruit d’une chaine de transmission et se fait passeur à son tour. Bien sûr, il trouve sa voie et sa voix … son unicité mais il ne faudrait pas oublier que, comme le dit la célèbre métaphore, si parfois nous arrivons à voir loin, c’est que :

 

« Nous sommes des nains sur les épaules de géants. » ❗

P.-S. : 

Projet de disque en cours de finalisation… Je vous en dis plus très bientôt ! 😉
💿 Stay tuned …

🎬 

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