#31 – Jouer en prison

#31 - Jouer en prison
Ou une histoire de petit pont, de Feng Shui et de...magie ⛩⻛⽔✨

En Juin dernier, j’ai eu la chance d’aller jouer au Centre pénitentiaire de Fresnes. Oui, chance car cela faisait des années que je souhaitais jouer dans une prison.

Non-lieu

Je vous avais déjà raconté mes expériences “hors des salles de concerts” dans un article précédent, notamment dans un centre psycho-gériatrique. Cela avait été très fort émotionnellement.
Et depuis j’ai l’intime conviction que dans des lieux inattendus, parfois même des “non-lieux” au sens anthropologique du terme, la musique a quelque chose à dire d’important, qu’elle peut se déployer d’une manière essentielle.

 

Ainsi, par un hasard de rencontre, cela est devenu possible ! J’ai exprimé ce désir et je me suis donc retrouvée à visiter Fresnes une première fois pour mettre en place un projet.

Première visite à Fresnes

Je m’en souviens comme si c’était hier. Une froide journée de Janvier… Le trajet en RER vers la banlieue Sud de Paris, le bus, et l’arrivée sur le site. Dès le début, ce sont d’autres règles qui s’appliquent dans ce lieu.
Il faut bien sûr montrer des papiers d’accréditation obtenus longtemps à l’avance.
Il faut déposer son téléphone portable à l’entrée…si on arrive à trouver un casier de libre. Bref ! Tout de suite, c’est une sensation étrange de dépossession de son identité et de restriction de libertés, un avant-goût d’aliénation. Un peu similaire (même si fondamentalement incomparable) aux aéroports – je vous racontais les casse-têtes chinois des voyages des musiciens !

 

 

Et puis, il y a eu la découverte du lieu, très impressionnant, saisissant. Fresnes est un bâtiment historique qui inspire des sentiments ambivalents. Le bâtiment fut construit à la fin du XIXe siècle. Une des choses remarquables est le corridor central autour duquel rayonnent trois divisions

 

Juste avant ma visite, je me suis replongée dans le livre de Michel Foucault “Surveiller et punir, Naissance de la prison”.

 

Ambiance sonore et temporalité

La première chose qui m’a frappée est l’ambiance sonore. Les plafonds sont extrêmement hauts et pour communiquer les surveillants hurlent d’un endroit à l’autre, cela produit un bruit indescriptible qui rend littéralement fou.

 

Ensuite, c’est un lieu où règne une autre temporalité: une temporalité distendue. C’est une succession de moments d’attente. Tout peut être mis “en pause” à n’importe quel moment – par exemple, si il y a un déplacement de détenus, tout est bloqué. A chaque porte verrouillée, il faut attendre.
Un grand exercice de patience.

 

Ma première visite avait pour objectif de repérer les lieux où jouer, et de mettre en place un projet adapté qui pourrait faire sens.

 

Plutôt qu’une intervention unique, j’ai préféré proposer une série rapprochée de trois ateliers, dont deux pour un groupe d’une dizaine de détenus (adapté au lieu choisi et disponible) et le dernier sous forme de concert ouvert à un public plus large.

Les peurs et autres démons

En Juin, j’y suis donc retournée.

 

La veille du premier atelier, j’ai été soudainement traversée par plein d’émotions contradictoires. Est-ce que ce projet avait du sens ? Comment allaient-ils recevoir “ma” musique classique, qu’ils n’écoutent sans doute pas? Est-ce que cela leur plairait ? Comment est-ce que cela allait se passer ? Être une jeune femme au milieu d’un groupe d’ hommes dans un milieu carcéral me semblait pour le moins intimidant.
Il y avait pas mal de peur, peur de l’inconnu…être hors de sa zone de confort (!) et surtout ne pas savoir à quoi s’attendre.
Je me suis mise à douter de la pertinence de mon projet mais au fond, je savais que j’avais toujours voulu le faire, que j’avais l’intuition que dans ce type d’expériences résidait une énergie toute particulière.

 

Heureusement les responsables du service culturel ont été très sympathiques et accueillantes à nouveau et m’ont rassurée.

 

Une d’elles est venue avec moi pour le premier atelier, m’expliquant quand même où se trouvait le bouton rouge sur lequel appuyer en cas de problème … 😱

Des moments de franche rigolade

Une fois que les détenus sont arrivés (une bande de douze gaillards faisant le double de ma taille), très vite, l’ambiance s’est avérée détendue et sympathique. J’ai commencé par jouer un peu de Bach. Tout de suite, les réactions ont été positives. Plusieurs ont dit trouver cela apaisant.
Je me suis mise à raconter des choses sur le violon. Par exemple comment produire un son, les “modes de jeu” comme on dit. Puis j’ai expliqué quelques éléments de lutherie : à quoi servait le chevalet et en leur expliquant cela, j’ai appelé le chevalet – le “petit pont”.
En précisant bien sûr que je ne parlais pas de football cette fois-ci.
On a bien ri !


Non, je ne peux pas m’empêcher avec mes comparaisons foot-violon. Vous le savez…

 

 

Sinon, il y avait d’autres questions : est-ce que la marque dans mon cou de violoniste me faisait mal. L’autre chose qui les intéressait beaucoup était… le prix d’un violon ! J’avoue que j’étais un peu inquiète en voyant leurs yeux briller 😉

Nettoyage énergétique par le son ?

La deuxième fois j’étais seule cette fois avec les détenus. J’ai même sacrément dû attendre avant qu’ils n’arrivent. Du coup, j’ai joué longtemps toute seule dans cet espace appelé la fosse. Et j’ai ressenti que le fait de jouer du Bach apaisait les lieux, comme si les vibrations sonores venaient purifier cet endroit si perturbé.

J’ai depuis toujours adoré le Feng-Shui, cet art chinois de l’harmonisation des énergies des lieux. Feng, veut dire “vent” et Shui “eau”. Il existe plusieurs théories assez complexes par rapport à la combinaison des différents éléments (bois,eau, terre, métal,feu) et surtout sur la , cet art chinois de l’harmonisation des énergies des lieux. Feng, veut dire “vent” et Shui “eau”. Il existe plusieurs théories assez complexes par rapport à la combinaison des différents éléments (bois,eau, terre, métal,feu) et surtout sur la circulation du Qi (énergie).
Sans rentrer dans des choses ésotériques, j’ai toujours trouvé qu’il y avait (dans des applications simples!) une forme de bon sens, autrement dit que chacun de nous pouvait ressentir la différence d’énergie en se rendant sensible à certains paramètres.
Avec les vibrations sonores, n’y aurait-il pas aussi quelque chose qui viendrait agir sur l’énergie d’un lieu?

“C’est magique, cette musique !”

Quand les détenus sont finalement arrivés, on a repris là où on en était restés. Certains m’ont raconté avoir été apaisés par la séance précédente. Ils avaient mieux dormi la nuit . Et ils se souvenaient du “petit pont”…et du prix du violon !

Comme nous avions moins de temps, j’ai décidé de leur parler peu. Je leur ai donné quelques éléments sur la Chaconne de Bach et surtout je leur ai dit de se laisser traverser, de ne pas chercher à comprendre, de fermer les yeux s’ils voulaient ou même de s’allonger parterre (il y avait des matelas de sport) – de se laisser aller loin pendant les quinze minutes de l’oeuvre.
Et cela a été incroyable.

 

L’écoute a été si intense. Je les ai sentis présents émotionnellement autour de moi.
Et quand j’ai fini de jouer la dernière note, la résonance a été longue et belle.
Ils avaient un visage transformé (moi aussi – sans doute !)

 

Un des gars les plus sur la réserve la dernière fois était particulièrement touché et il m’a dit : “C’est magique, cette musique !”

Utopie

Alors, oui, il y a une dimension d’utopie dans ce type de projet. Et comme me le disait de manière assez terre-à-terre un ami, « On n’est pas chez les bisounours ».

 

Certes…et mon propos n’est d’ailleurs pas sur les prisons, sur leurs fonctionnements ou dysfonctionnements. D’ailleurs il me semble que chaque citoyen devrait un jour faire une visite de prison, juste pour avoir vu, senti, compris…

 

Ce que je sais, c’est que par cette expérience, un moment de trêve a eu lieu. Dans un échange non verbal, il y a eu une forme de communion.

 

Finalement, la musique a permis de créer du silence, de l’écoute dans des lieux hurlants, bruyants à rendre fou. Elle a permis de créer une connexion, d’oublier l’espace d’un moment nos différences et de partager un état commun de contemplation, de réceptivité face à une œuvre sublime.

Public idéal

Cela a représenté une expérience inoubliable pour moi, car loin des codes de la salle de concerts, j’étais dans une vraie gratuité, il n’y avait pas d’autre enjeu que de partager quelque chose, en toute simplicité et toute vulnérabilité.

Tout l’été j’ai repensé à ces ateliers à Fresnes et j’ai été portée intérieurement par la résonance de ces moments privilégiés. A chaque concert, je les ai transportés avec moi mentalement. Je me disais que c’était eux, mon public. Un public idéal.

 

Vous vous souvenez peut-être de cette citation de Walter Benjamin dont je vous parlais déjà dans l’article “La musique classique en procès”. Il ne s’agit pas de remèdes mais il s’agit de nourritures spirituelles.

 

Et là, nous étions dans un échange humain, qui rappelle que la culture, ce n’est pas de la consommation – c’est un partage.

 

Alors, oui. Parfois, on trouve des ponts (et pas seulement des petits).😉 Et une fois que l’écoute et l’ouverture de coeur sont là, la magie opère.
Orphée avec sa lyre qui apaise et endort notre Cerbère intérieur…c’est cela que la musique classique peut produire…
Juste nous rappeler que nous sommes tous des êtres humains.

 

J’ai hâte de la prochaine fois !

 

🎬

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Rentrée saison 2019

C’est la rentrée et il y a plein de projets excitants !
Voici ma Newsletter de début de saison : ici

Vous y trouverez les temps forts du début de saison :
Solo avec orchestre 
100% Musique francaise en Chine
Programme Violon+
autour de JS Bach à Paris 
Récital avec Abdel Rahman El Bacha
à Marseille  

des retours sur l’été 2019 :
Dans les médias
Emission  » Mon coeur est un violon  » sur France Musique – toujours disponible en podcast ici !
Des articles de presse
Des cartes postales des festivals : Flâneries Musicales de Reims, Montpellier Radio France, Cordes-sur-Ciel, Villevieille  

L’Agenda est disponible ici !
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#30 – Le duo violon-piano

#30 - Le duo violon-piano
Une histoire de par coeur, de crapaud et de... playlist ! ❤️🐸🎻🎹💿

Aujourd’hui j’aimerais vous parler d’une catégorie particulière de la musique de chambre.

La musique de chambre, c’est quoi ?

La musique de chambre, je vous en parlais déjà dans un article sur les festivals de musique de chambre.

 

 

Comme son nom l’indique, c’est une musique à effectif réduit…qui peut se jouer littéralement “en chambre”: la Musica da camera – que l’on joue à l’époque baroque dans les intérieurs des nobles.

 

Une des définitions (semi-)officielles consiste à dire qu’une œuvre de musique de chambre est dédiée à un petit ensemble composé de 2 à 9 instruments.

Aujourd’hui - le duo : 2 !
Violon-piano...ou plutôt piano-violon

Déformation professionnelle oblige – j’ai envie de vous parler du duo violon-piano, ou plutôt piano-violon !!
En effet, à l’époque classique, chez Mozart, le déséquilibre est frappant – c’est piano principal avec violon. Au cours du XIXe siècle, le violon gagne en importance et devient un partenaire égal. Le discours devient plus paritaire. Pour se rendre compte de cette évolution, il est intéressant de regarder le cycle des dix sonates de Beethoven. Dans les trois premières, le piano est aux commandes. Et puis au fil du corpus, les choses “s’équilibrent” jusqu’au cas frappant de la 9e sonate, la fameuse sonate à Kreutzer – où là le dialogue est concertant. Les deux instruments sont traités comme des solistes qui dialoguent ou, on pourrait dire, s’affrontent à armes égales ! D’ailleurs c’est cette sonate qui inspirera Tolstoi pour son roman éponyme. (livre qui ne donne pas vraiment envie de se marier…) 😅

 

 

Mais souvent il faut bien l’avouer, le piano a une partie énorme (regardez les sonates de Brahms, la sonate de Richard Strauss, la sonate de Franck… !!). Et même si les violonistes aiment à penser qu’ayant les lignes mélodiques et thématiques, ils “dominent” le discours, pas de doute : c’est dans la partie piano que se trouvent tout le support et toutes les richesses.

Partenariat musical

La semaine dernière j’ai eu la joie de jouer avec Abdel Rahman El Bacha au festival des Grandes Heures de St-Emilion. Nous jouons régulièrement ensemble avec Abdel Rahman depuis presque six ans maintenant. Et à chaque fois, c’est une expérience exceptionnelle pour moi, qui me donne l’impression d’aller plus loin.

 

Dès notre première collaboration à Marseille lors de la Folle Criée consacrée à Beethoven en Novembre 2013, l’entente a été évidente. Dès les premières pages jouées ensemble à la répétition, il était clair que nous n’aurions pas besoin de discuter, “négocier”, argumenter…Il y avait une compréhension mutuelle et nous étions – dit de manière prosaïque- sur la même longueur d’ondes.

Lors du concert, Abdel Rahman a joué par coeur. N’étant pas prévenue qu’il aimait se produire sans partition également en musique de chambre (la plupart du temps quand les pianistes jouent par coeur, c’est en récital ou en concerto bien sûr, mais très très rarement en musique de chambre), je n’avais pas mémorisé ma partie. Pas de problème. Nous avons joué ainsi – moi, avec partition, lui sans. Cela était anecdotique finalement. Et surtout, le concert avec la sonate à Kreutzer avait été exaltant.

 

Pourtant cela m’avait intriguée. Je lui avais alors dit que si nous étions amené à rejouer ensemble, je serais heureuse de tenter l’expérience. Depuis, nous avons rejoué ensemble à diverses occasions au Japon, en France, dans différents festivals (Nantes, Cholet, Noirmoutier, Villevieille…).

 

 

Et j’ai fait l’expérience du par coeur en sonate – expérience aussi terrifiante avant de rentrer sur scène que galvanisante au moment de l’exécution !
Je vous en parlais déjà dans un article précédent sur le trac et sur la mémorisation.

 

 

Et la semaine dernière, j’en ai fait à nouveau l’expérience dans des sonates de Mozart, Beethoven et Franck. Et en sortant du concert, je me disais, une fois de plus, que c’était une chance extraordinaire de pouvoir approfondir un partenariat musical et développer cette confiance réciproque. C’est sans doute le fait qu’il y ait une écoute sensible et une disponibilité aux propositions musicales de l’autre – en temps réel sur scène !
Ainsi, chacun s’inspire tour à tour et le concert est une vraie aventure…qui peut amener loin !

Le Duo Ferras-Barbizet

En Janvier 2020, nous jouerons au Théâtre de la Criée à Marseille à nouveau. C’est un concert dont je me réjouis d’avance !
En quelque sorte, il s’agira de “jouer à domicile”, comme on dit en foot – ce qui ne m’arrive pas si souvent. Ainsi dans la salle il y aura des gens qui me connaissent depuis l’enfance – dont certains ont déjà réservé leurs billets ☺️❤️

 

Hyper touchée ! 🙂

 

De plus, ce concert a une signification spéciale car le programme est un hommage au duo fabuleux que formait le violoniste français Christian Ferras (1933-1982) avec le pianiste né au Chili Pierre Barbizet (1922-1990) – qui était d’ailleurs le fameux directeur du Conservatoire de Marseille !
Je l’ai d’ailleurs croisé dans les couloirs quand j’étais toute petite ! Pas grand, il avait une présence impressionnante…et avec sa voix rocailleuse – on le surnommait le crapaud 🐸



 

Un immense pianiste et pédagogue qui a marqué des générations et donné ses heures de gloire au conservatoire de Marseille.

 

Ferras et Barbizet avaient d’ailleurs l’habitude de jouer par coeur tous les deux leurs programmes de sonates. Ils apprenaient leurs parties respectives pendant leurs voyages en train – Je vous parlais déjà de l’importance du travail sur partition, travail mental pour intégrer le texte !

Les duos légendaires

En repensant à tout cela, je me suis dit que j’avais envie de partager avec vous des enregistrements de quelques duos légendaires. Vous connaissez déjà mon amour des grands violonistes, dont je vous ai parlé cet été sur France Musique dans la série intitulée “Mon coeur est un violon”.❤️🎻
Alors quand ces violonistes fabuleux jouent avec des pianistes non moins fabuleux…et bien, magie !

 

Cette semaine je vous propose une première playlist de musique française ou plutôt franco-belge qui a une résonance toute proustienne car ces sonates font partie des prétendantes au titre de modèle pour la sonate de Vinteuil de la Recherche du temps perdu !

 

Au menu,

 

 

 

 

 

 

 

Cette playlist est disponible sur ma chaîne YouTube ou ici : http://bit.ly/30ilxqP

 

Vous m’en direz des nouvelles !

 

🎬
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#29 – Les vacances des musiciens

#29 - Les vacances des musiciens
Une histoire d’automatismes, d’adrénaline et d’...inspiration ! 🤖🔥🦄

Oui, c’est bel et bien la rentrée. A peine les festivals d’été terminés (certains ont encore lieu jusqu’à fin Septembre), chacun reprend ses activités, jette un œil serein (ou angoissé) sur la nouvelle saison. Et les concerts reprennent dans les grandes salles, autrement dit la saison 19-20 est lancée ! La « reprise »…

 

 

Car oui, certains musiciens ont pris des vacances. Si, si ! 🌴

L’été d’un musicien n’est souvent pas de tout repos.

En effet, il est bien connu que l’été est une saison très active pour les musiciens à cause du grand nombre de festivals. A contre-courant de beaucoup de catégories socio-professionnelles, qui prennent leurs grandes vacances, les musiciens travaillent l’été. Et pour certains, c’est une période sacrément chargée.
Je vous le racontais dans l’article de la semaine dernière.

 

 

Beaucoup de voyages avec les péripéties qui vont avec.

 

 

Voyager avec son instrument dans des conditions climatiques parfois éprouvantes pour les musiciens et pour les instruments ! Et des situations qui peuvent êtres stressantes, où il faut s’adapter rapidement, monter plusieurs programmes avec peu de répétitions. Important de bien gérer son trac !

 

 

Vous vous souvenez sans doute de la phrase de Jascha Heifetz que j’adore citer :

 

Pour être violoniste,
il faut les nerfs d’un torero,
la vitalité d’une hôtesse de boîte de nuit et la concentration d’un moine bouddhiste.

 

En y regardant de plus près, on se rend compte qu’il existe une certaine réserve par rapport au sujet des vacances du musicien, une mythologie collective. 😉

Culture ambiante autour des vacances des musiciens

Mythe du “zéro vacances”

D’abord parce que certains musiciens entretiennent le mythe qu’ils ne prennent jamais de vacances, ce serait incompatible avec la pratique musicale qui se doit d’être quotidienne. Qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il neige ! (souvent) #intox

La peur de prendre des vacances

Ensuite, parce que certains ont parfois peur de prendre des vacances. Et ce, pour plusieurs raisons.
Certains sont accros ! 💉💉💉
(J’en parle en connaissance de cause ! 😅)

  • Accros à leur instrument : ils deviennent insupportables quand ils arrêtent de jouer , même quelques jours. Un ami me confessait devenir invivable s’il arrêtait de jouer plus d’une semaine. Du coup, c’est sa femme qui lui interdisait de s’éloigner d’un piano trop longtemps !
  • Accros à l’adrénaline que procurent les concerts. Quand on est à 300 km/h, que se passe-t-il quand on se pose au calme ? Dur, dur parfois….C’est là que la vraie angoisse s’exprime !
  • Et puis, il y a donc cette culture ambiante du sacro-saint travail quotidien. Et il est vrai que dans mon enfance, il n’était rarement question de vacances. L’été, c’était la période des Académies d’été, les stages et même hors des périodes de stages, puisqu’il n’y avait pas l’école, on pouvait en profiter pour travailler encore plus.
    Je me souviens de longues journées de travail dans une grosse chaleur marseillaise. A une époque, je me repliais dans la cave, minuscule, où je travaillais des caprices de Paganini face à des livres d’histoire… .
    Je me souviens de longues journées de travail dans une grosse chaleur marseillaise. A une époque, je me repliais dans la cave, minuscule, où je travaillais des caprices de Paganini face à des livres d’histoire… Mais ca, c’est une autre histoire. #nerd

Les autres peurs associées

  • perdre ses automatismes :🤖

Outre l’angoisse parfois métaphysique de la “pause” après une phase d’intenses activités, évoquée précédemment, une des premières peurs est celle de perdre ses réflexes. Que se passe-t-il si on casse le rythme et que l’on ne joue plus tous les jours ? Un peu comme un sportif, on se dit que l’on va perdre ses moyens, ses automatismes, parfois durement acquis.

 

  • avoir mal à la reprise : 🖐

Cette peur est parfois légitime. Parfois après une pause, cela ne sonne pas terrible…et cela peut faire mal – au sens littéral du terme !
Et encore plus si vous vous êtes allègrement baignés… les doigts dans l’eau, la corne au bout des doigts s’est ramollie, ou a disparu (vous savez, cette couche de peau qui se forme à force de contact répété). Et là, aie, aie, aie. 😱
Les violoncellistes et les contrebassistes vous le diront. Mais c’est aussi vrai au violon… surtout quand on a une hauteur de cordes un peu trop élevée…mmm, sur la corde de Mi toute fine !! 💀 Idem pour les instrumentistes à vent…

 

  • l’anticipation de l’inconfort

Mais souvent, cette peur est surtout alimentée par l’anticipation de l’inconfort physique à la reprise. Et il suffit d’avoir vécu cela une fois de manière un peu traumatisante pour préférer renoncer à prendre des vacances qui pourtant seraient bien salutaires…

La planification : la clé !

En fait, la vraie question c’est de savoir si l’on pourra se permettre de reprendre doucement, sans pression.
Ce qui n’est pas toujours la cas, aussi bien pour des questions d’organisation que pour des enjeux économiques. Par exemple, difficile pour un intermittent de rater un cacheton avec un ensemble par lequel il est régulièrement appelé, pour cause de reprise progressive. Idem pour les solistes, difficile de passer à côté d’un engagement de dernière minute.
Là où les musiciens en poste d’orchestre et ou poste de professeur pourront mieux planifier.

 

To travel or not to travel
Et bien sûr, les musiciens connaissent cette peur des vacances que les gens qui voyagent beaucoup professionnellement – quelle que soit leur profession – partagent. Ce besoin de se reposer, mais de partir loin de sa routine. Que faire quand on n’a aucune envie de voyager loin mais aussi aucune envie de rester à la maison (où l’on court le risque de…continuer à travailler !) ? Et en plus, voyager pour des vacances nécessite de planifier, réserver un billet d’avion ou de train, réserver un hôtel – ce que l’on passe son temps à faire déjà pendant l’année ! 😱
Sans même parler d’empreinte carbone
#dilemme#prisedetêtevous voyez ce que je veux dire ? 🤕

Les vacances : un enjeu essentiel pour les musiciens

Et pourtant il faut bien trouver le moyen de recharger ses batteries. Cela est même essentiel ; pour plusieurs raisons !

  • un enjeu de santé : comme je vous le racontais dans un article précédent, il y a un enjeu de santé dans la pratique musicale car souvent il s’agit de mouvements répétés et toujours les mêmes. Par exemple au violon, la posture asymétrique a un impact certain sur la musculature.

 

 

Avec les vacances, il s’agit de déprogrammer tout cela. Ce qui est essentiel pour prévenir le risque de blessure, pour empêcher que des douleurs chroniques ne s’installent et pour laisser le corps se régénérer. Une phase de récupération physique et mentale !

 

  • un enjeu d’apprentissage : le mental et l’intégration.

je vous parle souvent dans ce blog de neurosciences. 👽
Dans tous les pratiques, des courbes d’apprentissage sont rarement linéaires. Elles montrent que la progression se fait par palier. Et il existe deux écoles – ( je pense qu’elles sont toutes les deux valables surtout si on les combine) : persévérer, persévérer, persévérer pour passer un cap ET aussi lâcher prise, faire une pause.

 

Cette pause, c’est ce qu’on appelle la phase d’intégration. Et cette phase-là est essentielle : celle qui permet au conscient acquis de passer au stade d’acquis inconscient ! C’est aussi celle qui donne confiance sur scène, mémorisation entre autres.

 

 

C’est le même processus que lorsque l’on apprend une langue par exemple. On dit que pour mémoriser telle structure ou tel mot, il faut l’avoir oublié x fois.

 

  • un enjeu artistique : retrouver la fraîcheur !

Les sportifs appellent cela : retrouver la « faim ». 🍽
L’envie de se dépasser, l’envie de se consacrer à des tâches …

 

Il faut imaginer Sisyphe heureux

 

Voilà ce que nous dit Camus. 🤓
Vous savez, Sisyphe était condamné à pousser encore et toujours une énorme pierre vers le sommet d’une montagne, sachant que la pierre roulerait fatalement.
C’est un peu ce que fait un interprète avec une œuvre et avec son instrument !

Alors, pour imaginer “l’interprète Sysiphe” heureux, il faut qu’il puisse poser sa “pierre” de temps en temps, en bas de la montagne, qu’il reprenne son souffle, revienne sur soi, analyse certaines choses, laisse les choses se décanter.
Car une saison musicale est longue et à moyen terme voire long terme, la routine peut s’installer, la fraicheur peut s’émousser.

Les bénéfices directes ou bénéfices secondaires

  • On joue souvent beaucoup mieux après la pause.
    Souvent il me semble que certains gestes sont plus déliés, comme si j’avais “compris” quelque chose corporellement.
  • Bon – Il y a aussi les fois où ce n’est pas du tout le cas. 😅 On rame à la reprise.
    Mais c’est alors l’occasion de refaire des basiques, remettre des choses à plat. Un peu comme les sportifs qui font des stages de reprise : abdos, endurance etc… 😱
    Je vous parlais déjà des basiques dans le tout premier article de cette série :

 

 

Heifetz posait son violon chaque été, plusieurs semaines. Quand il s’y remettait, il reprenait sur un autre violon, un violon d’étude – par doses homéopathiques. Pas bête comme astuce psychologique, le violon d’étude – en gros, si ca ne sonne pas si bien tout de suite…ce n’est pas vraiment de votre faute 😉

 


Mes élèves que j’incitais à travailler mieux (et plus) étaient souvent étonnés que je leur prescrive des semaines sans violon l’été. C’est de ma professeur à la Hochschule de Münich Ana Chumachenco que je tenais cela. Elle nous encourageait toutes et tous à poser le violon au moins deux semaines chaque été.

 

avec ma professeur Ana Chumachenco

Briser la routine et stimuler la créativité

  • Un des grands ennemis de toute créativité, c’est la routine.
    Alors, il faut recharger la source, se réinventer, retrouver un regard neuf sur des partitions que l’on connait bien : tout l’enjeu des interprètes.
  • faire autre chose, sortir de sa bulle.
    Lire tranquillement, faire des randos pour certains, buller sur une plage, refaire le monde autour d’un verre de rosé de préférence. Installer de nouvelles routines, non-liées à la pratique instrumentale ou au contraire, enchainer grasses matinées…🤗
  • surtout, créer du vide: créer le manque à partir duquel surgit un désir renouvelé.
    Car vacances étymologiquement veut bien dire vide, vacuité. Et paradoxalement quand on se sent vidé, épuisé, c’est souvent par un trop-plein !

 

C’est dans le vide que peut jaillir une nouvelle étincelle, et qu’un appel d’air se crée : de nouvelles envies de répertoire, de nouveaux projets, ou tout simplement cela crée la possibilité de retomber amoureux d’une pièce.❤️

 

Prendre des vacances pour un musicien peut presque nécessiter une forme de courage. Mais on y prend goût !

 

🚦Retour à la réalité, ce soir : récital !
Wish me luck ! 🍀

 

📸
Et vous, vous avez pris des vacances ?

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#28 – Les festivals d’été

#28 - Les festivals d’été
Une histoire de concerts, de public et d’...utopie ! 🎶⭐️

Alors que nous sommes déjà presque tous dans une dynamique de “rentrée”, j’ai envie de suspendre le temps encore un peu ; prendre encore une petite respiration estivale avant de se lancer à fond dans la nouvelle saison. Aujourd’hui je vous raconte quelques impressions autour des festivals d’été.

 

Nul besoin de préciser que l’été est la saison par excellence des festivals. Et les festivals d’été, c’est la promesse d’une expérience intense aussi bien pour le public que pour les musiciens !

 

Après tout, logique – festival, cela vient bien de fête, de festivité !

Il existe toute sorte de festivals de musique classique.

Souvent c’est l’occasion de faire vivre une thématique, de fêter une personnalité, un compositeur, un type de musique, de mettre en valeur un lieu, de proposer une programmation particulière. Il en existe de toutes sortes : certains festivals sont en un week-end, d’autres étalés sur plusieurs jours, plusieurs semaines. Parfois, on peut y entendre plusieurs concerts par jour, matin, midi, soir…même la nuit !
On y joue en plein air, dans des salles de concert, dans des églises ou dans des lieux insolites…Le focus est mis sur la musique de chambre, le piano, l’opéra…Bref ! On trouve toutes les formules et il y en a pour tous les goûts. Et aussi tous les budgets. 😉

 

Cet été j’ai eu la chance de faire escale dans de superbes festivals, tous très différents et de tailles variées ; de petites structures et de très grosses machines.

Le festival de Verbier

A Verbier, en Suisse, tous les ingrédients sont réunis : un lieu magique dans les montagnes, un plateau de stars très glamour 😎, des moyens financiers conséquents… deux voire trois orchestres en résidence : le VFO (Verbier Festival orchestra), VFCO (l’orchestre de chambre du festival) et le VFJO, un extraordinaire orchestre de jeunes.

 

Le VFJO en répétition avec le chef James Gaffigan !

 

Des lieux différents : salle des Combins, l’église de Verbier et autres lieux plus insolites.
Bref, en endroit magique où les festivaliers peuvent passer du bon temps la journée : aller se promener, faire des randonnées, manger de la raclette.

 

 

Ou aller écouter les classes ouvertes de l’Académie qui accueille des jeunes musiciens en début de carrière, très talentueux et prometteurs. J’ai d’ailleurs eu la chance de participer à l’Académie plusieurs fois, il y a déjà plus de quinze ans ! Et c’est là que j’ai rencontré Ida Haendel, Joseph Silverstein ou ma professeur Ana Chumachenco. Cette année j’étais du côté des coachs pour les Académiciens, je documentais les activités de l’Académie pour un projet de podcast.

 

Un super jeune quatuor francais : le Quatuor Agate !

 

Certains grands festivals développent des actions pédagogiques autour des concerts. Cela crée des conditions très stimulantes pour les jeunes artistes qui peuvent côtoyer des artistes plus confirmés et donc …s’inspirer des étoiles ! Et cela est très intéressant pour le public qui peut ainsi jeter un regard sur les cuisines, la “fabrique” d’un musicien, en assistant quotidiennement aux masterclasses.

 

En Suisse, il existe de nombreux « grands festivals » historiques, avec des plateaux très prestigieux. Par exemple, le Festival de Gstaad ou le festival de Lucerne qui accueillent de grosses phalanges orchestrales. Ces festivals portent souvent une longue tradition autour de personnalités artistiques majeures du XXe siècle. A Gstaad, c’est Lord Yehudi Menuhin. A Lucerne, des chefs d’orchestre comme Toscanini !

 

En France, il y a le grand festival d’Aix-en-Provence, largement axé sur l’opéra. Mais en fait, si on regarde bien, il y a pléthore de festivals en France !
En tant que spectatrice, je suis passée rapidement à La Roque d’Anthéron, festival culte pour tout amateur de piano (et de cigales !) qui se respecte.

 

 

J’ai eu aussi la chance d’écouter un très beau concert avec l’Orchestre de l’Opéra de Rouen et le violoncelliste Victor Julien-Laferrière (fantastique !) aux Musicales de Normandie – à la Chapelle Corneille.

 

 

Un superbe lieu dans une ville non moins superbe (Rouen – ma découverte de l’été).

Récital solo aux Flâneries Musicales de Reims

En début d’été, je suis passée aux Flâneries Musicales de Reims. C’est un festival où j’ai fait mes débuts avec orchestre dans plusieurs grands concertos : le Mendelssohn, le Tchaikovsky (concert capté par France Musique à l’époque – niveau de stress maximal !), le Bruch nr.1 et tant de programmes de récitals et de musique de chambre. Cette fois-ci, c’était en solo dans mon programme Violon+. Le lieu était sublime, une petite église à l’acoustique idéale.

 

 

En tant qu’artiste de passage, on développe des attaches presque sentimentales avec un tel festival. On connait tous les membres l’équipe, de l’accueil à la régie en passant par la comm’ ou même les tourneurs de pages. Ils nous voient littéralement grandir. Et chaque année on retrouve des personnes du public qui suivent. Ce ne sont pas des “dates” comme les autres. Cela rend l’expérience si chaleureuse.

Résidence avec Magnus Lindberg au festival de Montpellier

Ensuite je suis retournée au Festival de Montpellier. C’est un gros festival avec beaucoup de concerts et des grosses productions. La thématique était la Baltique. Nous étions en résidence avec Florent Boffard et Anssi Karttunen autour du compositeur finlandais Magnus Lindberg. Nous avions deux concerts, deux jours de suite : l’occasion de rester un peu sur place et de répéter intensément, même en période de canicule… alors que la clim’ ne fonctionnait pas le jour J, le plus chaud ! Ah, la joie des répétitions d’été où la sueur fait se décoller le violon sous la mentonnière. Car oui, nous ne sommes pas les seuls à souffrir des changements climatiques; les instruments aussi…
Mais quelle joie de créer une œuvre et de jouer avec de tels musiciens.

 

Ici dans le 2e trio de Brahms avec Florent Boffard et Anssi Karttunen

La convivialité

Ce qu’il y a de merveilleux dans ces festivals, c’est que cela donne l’occasion de moments privilégiés. Le temps est parfois très rapide mais quand on reste deux jours voire trois d’affilée, on a le temps de poursuivre des conversations plus personnelles ou d’approfondir des réflexions artistiques. Et partager quelques bons repas !

 

Ensuite, je suis aussi passée dans des festivals plus familiaux et tellement chaleureux !
Je dois dire que souvent les festivals de taille plus réduite rivalisent d’hospitalité et de convivialité.
Et puis rien de tel que de retrouver des amis pour faire de la bonne musique.

 

Fine équipe pour Till Eulenspiegel de Strauss et pour le Septuor de Beethoven

 

Quand en plus, les lieux sont sublimes. Par exemple, à Cordes-sur-Ciel qui est un village magnifique ou à Villevieille – idem.

 

En récital avec Abdel Rahman El Bacha à Villevieille

Les “surprises” et autres bémols

Alors, oui, il y a aussi parfois quelques bémols.
Parfois, les lieux ne sont pas à 100% adaptés, les acoustiques pas optimales. Il y a aussi les cas de plein-air, que je refuse souvent de pratiquer (pour des raisons de santé de mon violon !).
Il y a aussi la canicule qui rend les longues heures de répétition et les nombreux déplacements fastidieux. Et on traine souvent sa lourde valise, pleine de tenues de concerts et de vêtements adaptés à différentes températures !!
Choc climatique entre Verbier et Montpellier !

 

 

Parfois aussi, quand les lieux ne sont pas habituellement des lieux de concert, on peut avoir quelques surprises. Pas de salle pour se changer, pas de loge, pas de miroir. Et plus problématique, pas de toilettes à proximité… très embêtant. 😅

 

et puis, artistiquement, c’est souvent un “pari” car tout le monde est en déplacement et donc – il y a peu de temps de répétition disponible. C’est bien sûr l’avantage de jouer avec des groupes déjà formés ou d’anticiper beaucoup les séances de répétition.
On est souvent hors de sa zone de confort par rapport aux concerts programmés dans une série dans l’année.
Donc, il faut avoir le coeur et les nerfs bien accrochés.

Pour l’amour du risque !

Mais in fine, malgré cela, ou grâce à cela (?) – nous, musiciens, sommes tous un peu accros aux challenges et montées d’adrénaline, cela génère des moments absolument magiques.

 

C’est le grand chef Leonard Bernstein qui disait :

 

“Pour accomplir de grandes choses, on a besoin de deux choses : un plan et pas tout à fait assez de temps !”

 

 

Alors, on réalise l’impossible, on joue des programmes fous en créant un esprit d’équipe où l’on “survit” ensemble sur scène. On enchaine une quantité parfois énorme de répertoire différent, allant d’un récital solo à un concert en septuor, en trio, en soliste avec orchestre ! On passe du coq à l’âne. Mais quelle satisfaction après !

Des publics et des lieux qui donnent des ailes

Il y a aussi un contact si direct avec le public, une proximité qui porte et donne des ailes. Et quand on a des amis de passage dans la région qui viennent écouter, c’est “cadeau”.

Et puis, il y a des lieux magiques qui inspirent. Par exemple, pour moi, cet été j’ai été émerveillée par la découverte du festival de Villevieille. C’est sans doute la plus acoustique de plein-air que je connaisse. La scène est protégée par les murs de la cour du château.

 

 

Et puis, jouer sous un ciel étoilé, cela donne une dimension tellement poétique au concert.

Une logistique impressionnante 🙏

Pour finir, j’aimerais faire une petite déclaration à toutes ces personnes qui rendent les festivals possibles, qui sont du côté de l’organisation, les équipe de bénévoles. Certains festivals font littéralement des miracles, avec des budgets très réduits. On n’imagine pas toujours ce que cela nécessite – de petites et grandes actions : une logistique impressionnante parfois avec très peu de moyens.
Cela va de l’accueil : aller chercher les musiciens à la gare, les amener à l’ hôtel, les faire manger bien si possible (oui, un musicien qui ne mange pas bien, ne joue pas bien !), les faire boire (pas trop, mais suffisamment). Merci à toutes ces personnes plus adorables les unes que les autres et prêtes à se mettre en quatre pour nous offrir les conditions propices à un beau concert !

J’ai été impressionnée par la force de vision de chaque festival, d’autant que faire un festival de musique classique de nos jours relève souvent de l’utopie !
BRAVO à tous !👏

 

Alors, soutenons tous ces festivals qui nous offrent des moments d’échange précieux, en tant que musicien ou spectateur. Cela crée du lien dont nous avons besoin, n’est-ce pas ?
Et gardons ces belles impressions lors de la « reprise » de la saison !

 

J’espère que vous avez tous passé un bel été. Peut-être en sillonnant aussi les festivals ?

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La-Provence-marina-Barbizet-septembre-2019

La Provence

« Avec Abdel Rahman El Bacha, Marina Chiche se souvient de Pierre Barbizet ».

Article de Septembre 2019