#37 – Les “bis”

#37 - Les “bis”
Une histoire de pièces de genre, d'arrangements et ...de marguerites ! 🌼

🗓SAVE THE DATES
🗓SAVE THE DATES
– le 28 Janvier à Marseille au Théâtre de La Criée

– Concert de sortie de mon nouvel album à Paris le 3 Mars au Reid Hall ❗
Plus d’infos prochainement

Les "bis" et pièces de genre

ou pourquoi le classique peut être aussi populaire que la pop’ ! 😉

 

Aujourd’hui j’aimerais vous parler plus en détail d’une partie du répertoire que j’affectionne particulièrement : les « bis », les miniatures ou encore « pièces de genre ».

 

C’est un genre de musique qui est parfois laissé de côté, peu joué de nos jours et qualifié de léger par opposition à un autre répertoire dit « sérieux ».

 

Pourtant ces pièces peuvent être parfois miraculeuses et révéler un art particulièrement raffiné de la part des compositeurs et de leurs interprètes.

1. Enfance et rêves de violon

C’est par ce répertoire que j’ai cristallisé mes premières impressions fortes autour du violon, celles qui laissent une marque indélébile dans l’imaginaire et qui scellent des destinées.

 

C’est avec certaines de ces pièces de Fritz Kreisler notamment (dont je vous parlais la semaine dernière) que j’ai commencé mon apprentissage du violon.

 

Puis c’est mon professeur à Marseille, le violoniste d’origine arménienne Jean Ter Merguerian, élève de David Oïstrakh qui m’a initiée à la sensibilité aux détails : un art du dosage.

 

 

Une histoire de filiation… J’avais entre 11 et 15 ans. Rien n’était laissé au hasard.
Tout était passé au peigne fin. Dosage de chaque glissade, de chaque coup d’archet, car la magie ne tient qu’à un fil.

C’est d’ailleurs lui qui m’a fait découvrir les enregistrements historiques de David Oïstrakh, Jacques Thibaud, Ginette Neveu et, avant tout, de Jascha Heifetz ; une transmission d’un savoir-faire et une éducation du goût.

 

Ces pièces de genre, souvent courtes ont été largement enregistrées par les grands violonistes.
Aux premières heures de l’enregistrement, ces formats courts correspondaient parfaitement aux possibilités techniques limitées des disques (cire puis vinyles) en ce qui concerne la durée. Ils correspondaient aussi tout à fait au goût du public.

2. Un moment spécial du concert

Les « bis », c’est aussi un état d’esprit particulier pour les interprètes. Cela correspond à un moment de partage pur, où une certaine détente s’installe (enfin !).

C’est le moment où, ayant fait ses preuves avec des œuvres plus « sérieuses », on se sent libre de se faire plaisir et faire plaisir à son public sans retenue, en rivalisant de virtuosité, de panache ou de lyrisme selon les fois.

 

On raconte que le grand pianiste Vladimir Horowitz faisait parfois une dizaine de bis à la fin de ses récitals. Certaines n’attendaient que ce moment !

 

Un peu comme à un concert de jazz, où l’on attend les standards

 

 

ou, en pop, un « tube » que l’on connait par coeur … le moment où on sortirait un briquet dans un concert d’un chanteur à succès.

 

Il existe d’ailleurs des histoires savoureuses. Certains grands violonistes (on cite Bronislaw Huberman ou Misha Elman comme exemple selon les sources) profitaient de bis assez simples pour compter le nombre de personnes dans le public pour ne pas se faire arnaquer par son impresario !

3. Play it again Sam

« Bis« , ce mot latin veut bien dire littéralement « une deuxième fois, une répétition ». D’ailleurs en anglais, on dit « encore ».

 

En allemand, ont dit « Zugabe » – dazu + geben ( donner en plus ) : un supplément !  » – dazu + geben ( donner en plus ) : un supplément ! peut-être un supplément d’âme aussi !

 

En tout cas, un moment de générosité, les interprètes font don d’une pièce, rajoutée après un programme.

 

Cette idée de répétition vient de l’histoire aussi, notamment du monde de l’opéra.

 

En effet, il n’était pas rare au XVIIIe et XIXe qu’un chanteur ou une chanteuse soit tellement applaudi.e qu’il devait répéter son air, son « numéro ». Il bissait !
Et ce, quitte à interrompre le rythme dramatique et à sacrifier toute forme de logique narrative…

4. Pièces de genre

Souvent il s’agit de « vignettes » musicales qui peuvent être des danses de caractère ou évocations de couleurs locales, un peu comme dans un album de voyage. Des cartes postales.

À chaque vignette parfois jaunie, on imagine une histoire, une situation ou un souvenir qui nous transporte aussitôt dans le temps et dans l’espace.
Par exemple, on valse dans une Vienne nostalgique…

Marina Chiche & Aurélien Pontier / Kreisler Liebesleid

 

Souvent, on y danse dans une Espagne fantasmée (les « espagnolades » de Sarasate par exemple), ou encore on récite ou chante une Romance …Il y a plusieurs typologies que l’on peut distinguer!

 

Virtuosité ou lyrisme, couleurs nationales, il y a en a pour tous les goûts et toutes les ambiances !

 

Cela ressemble aussi aux courtes séquences de danses de caractère, numéros attendus dans un ballet du XIXe.

 

Vous vous souvenez des illustrations géniales du Casse-Noisette dans Fantasia ?

 

5. Transcriptions, arrangements

Il s’agit rarement de compositions originales. Beaucoup reposent sur le principe soit de la transcription, de l’arrangement voire du pastiche.

 

L’idée de l’arrangement et de la transcription remonte à loin dans l’histoire. Cela se pratiquait par exemple au Moyen-âge et à l’époque baroque, non-stop ! (concertos de Bach, Vivaldi…)

 

En effet, on faisait passer une œuvre à un autre instrument. Une manière de transporter la musique et aussi de se l’approprier !

 

L’écriture d’un arrangement réussi peut être bien plus complexe qu’il n’y parait car il faut arriver à s’adapter aux contraintes de l’instrument pour lequel on écrit, tout en exploitant toutes ses possibilités idiomatiques et autres effets techniques (pizzicato, harmoniques pour le violon).

 

Une transcription est réussie lorsque l’on a Une transcription est réussie lorsque l’on a l’impression que la pièce a été écrite pour cet instrument dès le départ !

 

Cela peut générer une grande virtuosité pour les interprètes.

 

Pour les écrire, il faut faire preuve d’une sacrée imagination ; certaines sont d’ailleurs plus ou moins fidèles à l’original.

Et parfois, elles sont … encore meilleures ! 😀

6. Jeu sonore ou trois nuances de marguerites ! 🎶

Je vous propose d’écouter trois versions de la même œuvre :

Marguerites / Daisies de Rachmaninoff

– la version originale (originelle ?!) pour voix et piano

– la transcription pour piano seul qu’en a faite Rachmaninoff lui-même
=> par lui-même ! ⭐️
qu’en a faite Rachmaninoff lui-même
=> par lui-même ! ⭐️
Rachmaninoff plays Rachmaninoff

– la transcription qu’en a faite le grand Jascha Heifetz pour violon et piano !

  • La version originelle de Daisies de Rachmaninoff – pour voix et piano. Texte en russe.
  • Rachmaninoff joue sa transcription pour piano de la mélodie qu’il a écrite pour chant et piano.
  • Jascha Heifetz joue sa transcription de Daisies de Rachmaninoff… Un régal !
    Comme si cette oeuvre était écrite pour le violon…

https://www.youtube.com/embed/7NioODDAGwU

Fascinant, n’est-ce pas ?
Vous préférez laquelle ?

P.-S. :

En Février 2020 sortira chez NomadMusic mon nouvel album avec au piano, Aurélien Pontier 🎹 en hommage à Fritz Kreisler et à Jascha Heifetz 😉

Sans trop en dévoiler, je peux vous dire qu’il y aura des valses…et des fleurs! 🌼

💿 Dans les bacs et en ligne, le 7 Février !

🗓SAVE THE DATE : Concert de sortie à Paris le 3 MARS 2020 au Reid Hall

 

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