#9 – Mémoriser une partition

#9 - Mémoriser une partition
10 méthodes pratiques pour mémoriser efficacement + 1 Joker !
ou une histoire de lego, de sieste et de… tomate🤖 😴 🍅

Cette semaine, comme promis, je vous propose une sélection personnelle des méthodes que je trouve le plus efficace pour apprendre par coeur. 

Previously on …
« a musician’s brain »

Dans les deux articles précédents, nous avions exploré plusieurs principes, comme l’utilité d’identifier son type de mémoire dominant, de développer les autres (visuel, auditif, moteur…) pour les combiner et de travailler à des niveaux aussi bien « hyper-conscients » qu’ inconscients. 

Je vous avais aussi montré l’importance de déraciner des croyances limitantes qui sous-tendent le processus d’apprentissage. 

Aujourd’hui, passons aux TP !

Cette sélection de méthodes et d’astuces que je vous propose est le fruit de mon expérience de concertiste et de professeur de violon. 

 

Certaines vont vous sembler simples voire évidentes. Pour autant, il ne faudra pas les sous-estimer. Un peu comme des remèdes de grand-mère, elles sont d’une efficacité redoutable ; ce qui les rend incontournables. 

 

D’autres sont des propositions peut-être plus… inattendues. Je vous invite à les tester pour élaborer votre propre cocktail final !

 

Souvent on est tenté d’aller vite, de vouloir court-circuiter un processus qui peut sembler long et frustrant au départ. Bref ! On veut brûler des étapes.

 

Pourtant, rien ne vaut selon moi l’investissement dans un travail en profondeur, le plus méthodique possible – construction non linéaire dans le temps, avec des phases importantes d’intégration. 

Il sera d’ailleurs beaucoup question de gestion du temps et de métacognition encore ! 

 

Vous vous souvenez de ce mot? L’ « apprendre à apprendre »

Allez ! C’est parti !
J’ouvre ma boîte à outils. ⛏⚙⛓⚔

#1. Apprendre par cœur dès le début et lentement (pour ne pas imprimer de fausses infos)

Si une pièce est à mémoriser, beaucoup de professeurs recommandent de l’apprendre par cœur tout de suite. Comme le souligne Stéphanie-Marie ! Et je suis 100% d’accord !

Si on veut apprendre la pièce par cœur, pourquoi l’apprendre deux fois ? En effet, il s’agit d’un tout autre apprentissage. 

Autant s’y coller tout de suite !

 

De plus, il est vraiment frustrant de penser connaître une pièce et une fois lâché sans partition, de se rendre compte qu’il ne reste plus de trace de la pièce ! Je l’ai souvent observé chez mes élèves.

D’ailleurs, quand j’étais toute petite, ma maman me disait toujours : « apprends ton morceau par cœur tout de suite ! »

Pour elle, non-musicienne, il était clair que si je ne connaissais pas mon morceau par cœur, je ne le savais pas vraiment.

 

Belle intuition ! Cela rejoint ce qu’Arlette écrit en citant le fabuleux pianiste roumain Dinu Lipatti : 

Vous pouvez donc maudire (intérieurement) votre prof. qui exigera d’entendre seulement des pièces sues par coeur en cours. Au final, cela vous évitera une sacrée perte de temps !

 

⚠️

Et souvenez-vous,« dès le début », signifie aussi qu’il faut faire attention à la qualité de ce que l’on apprend dès le départ. Je vous le disais déjà dans un article précédent, le cerveau enregistre tout de suite, même les erreurs !

#2. « One potato at a time » ou l’art de la séquence

Il est essentiel de définir des séquences, aussi petites que nécessaires que l’on puisse mémoriser facilement. Un peu comme un jeu de constructions LEGO, on monte une brique à la fois et on l’empile avec une autre brique.

 

J’ai toujours adoré l’expression : One potato at a time . C’est une invitation à ne prendre qu’une bouchée à la fois, pour rendre la chose plus digeste.
Métaphoriquement, ce sont aussi les « baby steps ».

 

En effet il y a toujours une entité minimale que l’on est en mesure d’isoler et de retenir à un instant t.

 

D’ailleurs, il est très efficace de forcer le trait et de se limiter intentionnellement à une « brique » légèrement plus petite que ce que l’on aurait éventuellement pu absorber en se forçant, avec un effort supplémentaire.
Quitte à ce que cela semble trop petit.
Cela permet de développer un sentiment de réussite et de confiance !

 

J’ai fait cette expérience lors de l’apprentissage de standards de jazz swing il y a quelques mois. On y va petit bout par petit bout, sans passer par l’écrit.
Cette intégration par l’oralité, qui me terrifiait au départ, faite poco a poco, est d’une efficacité redoutable. Cela laisse des traces indélébiles !

#3. Au commencement était… la fin !

Cela peut sembler pour le moins contre-intuitif.
En fait il s’agit de bon sens.

 

Ce procédé me vient d’une conversation avec Stéphanie-Marie Degand, que je citais plus haut, quand nous étions collègues, professeures de violon au Conservatoire CRR de Caen (c’était il y a …longtemps). 

 

Nous observions que les élèves avaient souvent plus de mal vers la fin d’un morceau. Comme si la qualité de l’apprentissage et la stabilité du « par cœur » diminuait au fur et à mesure de la pièce.

 

Il est vrai que souvent on commence une pièce, chargé de bonnes intentions et on s’acharne sur le début de la pièce. 

 

Et on se promet que l’on n’avancera pas tant que cela ne sera pas su parfaitement !
Et chaque jour on reprend du début.

Ainsi le début devient de mieux en mieux au détriment du reste. L’écart se creuse.

 

Pourtant en situation de concert, il est essentiel que la fin d’une pièce soit très solide car parfois il faut faire face à une certaine fatigue, il faut avoir de l’endurance. 

 

L’astuce pour contrer ce phénomène est donc, à l’échelle du concerto, de commencer par apprendre le dernier mouvement ou, en tout cas, de ne pas tarder à s’y mettre. 
Et à l’échelle d’un mouvement, d’apprendre la page du début et celle de la fin d’abord puis d’avancer ainsi jusqu’à avoir couvert la totalité du morceau.

 

Astucieux, n’est ce pas ?

D’ailleurs le fait de commencer à répéter la dernière partie de la pièce permet à la musique de s’installer dans la mémoire de manière plus sûre que si on commence par le début.

 

Car le cerveau a toujours la possibilité de prévoir ce qui suit,
ce qui donne une grande sensation de confiance.

 

A une échelle « micro », il peut être aussi intéressant de combiner cette idée avec la méthode #2 des séquences.

 

Mode d’emploi :

Appelons la dernière mesure d’une pièce x.
Apprendre x.
Puis la mesure x-1.
Puis enchaîner x-1 avec x.
Et remonter ainsi jusqu’au début de la séquence.



C’est du Professeur Kurt Sassmanshaus, Prof. au College-Conservatory de Cincinnatti, ancien assistant de Dorothy Delay que j’ai appris cette méthode. 

 

Lors d’une masterclass à la Hochschule de Trossingen, où je l’avais invité à venir, il a fait apprendre ainsi – en temps réel – deux lignes de la grande fugue en Do Majeur de Bach à une élève.
En quelques minutes – ces lignes furent « gravées » à vie !

#4. La puissance de la répétition … démultipliée par l’analyse !

Certes on peut convoquer toute la créativité du monde, mais pourquoi ne pas tirer parti de la force de la répétition, de la (bonne) habitude et de la création de repères ?

 

Quand je vous parlais de l’apprentissage de standard de jazz swing, au-delà du séquençage il y avait énormément de répétition. C’est d’ailleurs le principe des fameuses « loops » des jazzmen : on fait tourner, en boucle.

 

Alors, on peut donc « faire tourner » une brique, une section.
Et c’est encore mieux quand elle a du « sens ». Une fois de plus, on voit que l’ analyse du texte musicale rentre tout de suite en jeu.

 

Ainsi on peut isoler une entité qui porte un sens, une micro-structure qui s’articule, par exemple là où on « respire », un membre de phrase, selon les contextes.

 

Cela permet aussi d’identifier des récurrences inhérentes à la composition, des sections, des « patterns » selon les échelles.

Un peu comme dans une poésie. On trouve un refrain, une rime.

Des études ont d’ailleurs montré que l’intégration est encore plus efficace quand – à la répétition, on ajoute l’analyse. Ainsi, il s’agit non seulement d’un processus intelligent mais d’une manière de faire qui renforce la mémorisation.

C’est aussi une manière d’intégrer le trajet, de « réduire » le texte et d’isoler les « ronds-points ». (je vous renvoie à l’article de la série #8)

#5. « Sleep on it » : Dormez et …faîtes la sieste ! 😴

Autrement dit, il ne faut pas sous-estimer la puissance de Morphée.

Il peut être très judicieux de se « coucher » sur sa partition.

Sans parler de collègues superstitieux qui me confiaient dormir avec la partition sous leur oreiller 👻, faire une dernière séance de travail de mémorisation avant d’aller se coucher peut être très efficace.

Le cerveau va « continuer » à travailler pendant la nuit.
Petit bémol : cela ne vous garantit pas une bonne qualité de sommeil.😢

Plaidoyer pour les siestes et des micro-siestes

Selon moi, la sieste devrait être obligatoire !!

C’est une méridionale qui parle. ☀️

Plus sérieusement, des études ont montré que les siestes avaient le même effet sur la mémoire qu’une nuit complète de sommeil.

La sieste entre deux phases de mémorisation peut remplacer la consolidation qui est nécessaire avec le sommeil la nuit et donc doubler votre temps d’apprentissage. 

Précieux quand on doit apprendre quelque chose en un temps record !

 

D’ailleurs à vous de savoir à quel moment vous êtes au top pour travailler.

C’est ce qu’on appelle la chronobiologie ou l’art de choisir des moments propices de travail .
Un terme un peu pompeux qui vient traduire l’observation d’une réalité. Il y a des heures où nous sommes plus aptes à étudier que d’autres.

J’y reviendrai.

#6. Let’s be S.M.A.R.T !

Vous avez sans doute déjà entendu parler de la méthode S.M.A.R.T., n’est-ce pas ?

 

En coaching on emploie souvent cet acronyme pour définir des objectifs.
En français, un objectif SMART est :
Spécifique, Mesurable, Atteignable, Réaliste, Temporellement défini. 

 

Bon, certains qualificatifs varient un peu selon les langues pour caractériser chaque catégorie. Il faut bien que l’acronyme fonctionne.

Appliqué à notre cas du travail de mémorisation, cela veut dire : ne pas vouloir apprendre tout en un jour.

Faire un plan de travail, évaluer une quantité réaliste, une section, un certain nombre de pages raisonnable pour un temps donné.

 

👉Par exemple, il est intéressant d’avoir ce principe SMART en tête avant de définir une brique ou une séquence. cf. point #2

 

👉Très utile aussi combiné avec le point #3 (fin/début)

#7. La technique Pomodoro ou comment optimiser vos sessions de travail

Après les patates du #1, c’est le tour de la tomate.🍅
J’y reviens tout de suite. 

 

Et non, je ne parle pas de nutrition (même si …ça ne serait pas faux )   #kaamelott

 

Ce qui va être déterminant pour bien mémoriser, c’est la qualité de concentration durant les sessions de travail. 

Pour cela, des études (encore) de neurosciences ont montré que notre attention réelle ne peut être soutenue que sur des périodes très limitées.

 

Alors, quel est le rapport avec la tomate ?

Eh bien, j’aimerais vous parler d’une technique aussi drôle dans sa description qu’efficace dans son application : La Pomodoro technique.

 

Oui, Pomodoro…veut bien dire tomate en italien !

 

Cette méthode fait référence aux minuteurs en forme de tomate qu’on utilise en cuisine.


Vous voyez ?

Pour résumer, cette méthode tenant compte de notre déficit attentionnel au bout d’un certain temps propose d’optimiser le temps de travail en programmant une période de 25 minutes de travail concentré suivie de 5 minutes de repos. 

Pour en savoir plus : https://www.pomodoro-technique.fr

👍Idéalement combinée avec un objectif SMART en amont de chaque session !

 

💀Ah oui… j’oubliais : un détail important pour que la Pomodoro fasse son effet !
Interdiction de regarder son smartphone durant une Pomodoro
Même pas en mode vibreur ni en silencieux – non, non, non !

 

Mettez le en mode avion ! ✈️

 

Aie aie aie !

#8. Le travail mental et la chasse aux blindspots … du solfège à l’écriture ✍️

Je vous ai déjà beaucoup parlé de la puissance du travail mental.  

Le travail mental, c’est quand on s’imagine chaque note et chaque geste intérieurement.

On « se voit » de l’intérieur en train de faire le geste. On localise dans son esprit où est la note sur la touche ou sur le clavier.

Vous pouvez essayer les yeux fermés d’ailleurs, loin de l’instrument.

Les sportifs utilisent cette technique constamment pour trouver le geste idéal. Les golfeurs, les tennismen…

 

Ce type de travail permet aussi de développer un « feeling » du trajet de l’œuvre. 

Un peu comme les skieurs qui font de la descente et qui se repassent le parcours en tête. Ils savent exactement à quel moment arrive quel tournant ou quel saut. 

Idem en formule 1.

Travail mental et chronobiologie

Il est d’ailleurs très efficace de combiner travail mental et la chronobiologie que j’évoquais plus haut.
Par exemple, avant de se coucher, parcourez l’oeuvre mentalement !
Ou bien, le matin au réveil.

 

Si on a une tendance auditive et/ou visuelle, rien de tel que d’écouter un enregistrement de la pièce avec la partition dans son lit.
Malgré toute l’attention apportée pendant l’apprentissage, on observe souvent quelques zones d’ombre.

 

Les blindspots : ennemi numéro 1
Qu’est ce qu’un blindspot ? 

En français, on pourrait traduire ça par un angle mort, fatal sur la route.

Autrement dit, ces choses qui échappent à notre attention et qui rendent la « conduite » (sur scène) très dangereuse. 

Rappelez-vous le skieur ou le conducteur de formule 1.

 

Pour le musicien aussi, cela vaut la peine de dépister les blindspots avant de monter sur scène et d’être « brutalement » honnête avec soi-même dans la préparation.

Au début des visualisations et du travail mental, il est courant de « bloquer » à un moment. Très bien !
Vous avez découvert une zone qui doit être renforcée et repensée !

 

Si vous arrivez à tout visualiser mentalement et à tout ressentir « comme si », sans hésitation, c’est que c’est du solide.

Ce sont ces endroits dans le travail mental où on hésite, où on se demande quelle est la prochaine note, quel est le doigté, le coup d’archet etc… où on aura le plus de risques d’avoir un trou de mémoire sur scène.
Pas de hasard… !

Dépistage de « bugs »

Pour dépister ces points qui demandent à être renforcés, je prescris deux méthodes radicales : 

  • la première tactique : le solfège !!
    Dire le nom des notes – à voix haute

Si vous arrivez à « réciter » de mémoire le texte musical, vous le savez.
Typiquement, là où la parole coince, vous pouvez être sûr qu’il s’agit d’un endroit où il y a  un « nœud » mental et digital.

Avec cette méthode si simple, j’ai pu « débloquer » des élèves de manière sidérante. 

 

Pourtant en Allemagne on utilise un autre système de lecture de note : A pour La, B pour Si, C pour Do etc…
J’ai réussi à convaincre certains élèves allemands de tenter l’aventure de la lecture de notes ! Cela valait la peine !!
J’adore d’ailleurs cette pratique de mantra cela peut rendre accro !

  • la deuxième stratégie : écrire / transcrire
    C’est l’équivalent d’un IRM pour le cerveau du musicien.
    On pourrait dire qu’en retranscrivant la musique apprise, vous faites une sorte de scanner mental !

J’ai découvert pour ma part cette technique par hasard en voulant écrire la fugue en sol mineur de la 1ère sonate de J.S.Bach. Pièce que j’avais longuement étudiée.
J’ai été choquée de détecter des points inexacts… des fautes qui étaient jusque là passées inaperçues.

Saisissant et implacable !

#9. Rôdez, encore et encore ! …dans les meilleures et les pires conditions 👻

Une fois la pièce apprise, s’il n’y avait qu’un conseil, ce serait :
rôder, rôder et encore rôder !

Autrement dit, tester souvent.

 

Mentalement, faites-vous des interrogations-surprise « à froid » le matin au réveil ou le soir après avoir travaillé sur une autre œuvre par exemple.

Et saisissez toutes les occasions pour jouer la pièce, lancez vous !
Seul – en début de session, en fin de session, devant des amis, lors d’une soirée…

Et ce dans tout type de conditions !

 


Lors de mes études à Münich, où j’ai eu la chance d’étudier avec la grande Ana Chumachenco, elle insistait pour que nous montions sur scène le plus souvent possible. 

Combien d’auditions de classe ai-je fait dans la petite salle de la Hochschule ?

Et à chaque fois, il s’agissait de passer le baptême du feu dans un climat de bienveillance. On savait qu’une fois la pièce jouée en audition, on était prêt pour s’aventurer avec dans le monde extérieur !

Très précieux !

 

Paradoxalement il me semble aussi très efficace de s’entraîner à rôder ses pièces dans de mauvaises conditions ! 

Attention : tout est relatif 

Je m’explique !

Lorsque j’étais toute petite, j’avais quatre ou cinq ans, je me souviens de la méthode d’une de mes professeurs Aurelia Spadaro, une élève du merveilleux violoniste Zino Francescatti.  

 

(oui, la petite fille à l’ourson, c’est moi…) 

 

Aurélia nous faisait enchaîner nos morceaux lors de la répétition générale du concert de fin de stage (C’était à Aix-les-mille il me semble !) en jetant des chaises par terre !!

 

Si, si !

 

L’idée était géniale. Le but était de créer un chaos autour de nous. Ainsi si nous arrivions à tenir le cap, c’est que notre concentration était à toute épreuve et nous étions prêts !

Des V.T.T. – violonistes tout terrain

 

Cette pratique, qui peut sembler farfelue de prime abord, est puissante.
Ainsi, le virtuose Alexander Markov qui avait enregistré les 24 caprices de Paganini en live sous la caméra de Bruno Monsaingeon racontait avoir utilisé des techniques …assez radicales pour se préparer.
Il se levait au milieu de la nuit pour les enchaîner. Ou bien, les jouer à froid avec des mitaines…

Evidemment pas nécessaire d’exagérer…

 

Mais si on y arrive dans des circonstances inconfortables, alors le mental est immunisé.
Qui peut le plus, peut le moins !

 

Et la confiance qui naît de telles expériences de rodage est une vraie confiance qui ne provient pas d’une méthode Coué (efficace parfois!).
Le « système » intérieur sait qu’il sait.

#10. La méthode ultime … quand ça coince vraiment

Attention ! Là, on passe au stade nucléaire.

 

Que faire quand on a essayé tout ca, que le cerveau sature, qu’il n’y a plus d’espace mental libre dans le disque dur et que ca coince ?

 

Vous vous souvenez de la formule magique f**k it  ?
Et bien, oui !

 

Je vous en avais parlé par rapport à la gestion du trac.

👉Quand on cale et que trop c’est trop, eh bien, pourquoi ne pas s’autoriser à… ne pas apprendre par cœur ?

 

Après tout, je vous ai déjà montré que jouer par cœur est aussi une convention qui n’a pas toujours existé. Ce n’est pas une obligation.

Et cela ne définit pas forcément la qualité musicale, loin de là !

Laissez moi vous raconter un épisode …intense que j’ai vécu l’année dernière.

 

J’ai été amenée à « monter » la 1ère sonate de Prokofiev en un peu moins d’un mois. Je devais l’apprendre avec en même temps un autre programme de récital, des cours à donner et de nombreux déplacements.

Le concert était avec Abdel Rahman El Bacha, pianiste que j’adore et qui affectionne particulièrement le jeu de mémoire.

Donc j’avais l’intention de l’apprendre par cœur. Jusque là j’avais joué la sonate une ou deux fois par le passé, mais avec partition.

 

Malgré toute ma bonne volonté, au bout de quelques jours, j’étais HS. Je crois que l’on voyait mon cerveau fumer quand je sortais dans la rue.

Impossible, un cauchemar … J’étais épuisée.

J’ai réalisé que je n’étais pas en état, que je ne pouvais pas tenir la pression de l’obligation que j’avais générée toute seule, de « devoir » apprendre « par cœur » et rapidement une musique complexe. Je voulais trop !

Alors, j’ai été forcée de lâcher la pression.

 

F**k it ! Non, je ne jouerai pas par cœur cette fois-ci.

Dommage… Mais réaliste.

J’ai d’ailleurs écrit à Abdel Rahman en m’excusant platement par avance…

Ceci a provoqué un tel soulagement mental que j’ai retrouvé très vite un plaisir immense à étudier la pièce.

 

Pièce géniale que j’adore d’ailleurs.

 

A tel point qu’au bout de quelques jours de travail et d’analyse en profondeur de la partition, j’ai réalisé que je commençais à en connaître de nombreuses sections par cœur.

Et à partir de ce moment, tout a basculé.
Au final, nous l’avons jouée par cœur et ce fut un moment extraordinaire.

Une belle leçon d’humilité et aussi, un enseignement.

Comme si j’avais réussi à l’apprendre par cœur – malgré moi !!

 

L’attitude de F*** it ici m’a permis de lâcher prise et de réinstaller un aspect « ludique » dans l’apprentissage.

Et en réintroduisant l’aspect ludique, et l’intérêt réel pour le contenu musical, on aime à nouveau « fréquenter » la pièce. Cela « ouvre » le cerveau et enlève le stress inhibiteur.

 

Car oui, la motivation et le plaisir sont deux points essentiels … pour retenir tout ce que vous voulez !

 

Encore une chose avant de finir, j’aimerais vous donner un Joker ou plutôt un dernier conseil 

Si finalement vous vous décidiez à laisser la partition pour le concert, surtout soyez clair avec vous-même et répétez avec la partition à temps!

Croyez-moi ! Je vous parle d’expérience et ce tuyau vous évitera bien des ennuis.

En effet, on pourrait se dire que rajouter la partition au dernier moment, si on connaît la pièce « presque » par cœur ne fera qu’aider !

 

Eh bien non, cela peut aussi créer une perturbation visuelle extrêmement déstabilisante !

Car on n’est plus habitué à réagir aux stimuli visuels, on ne se retrouve plus sur la partition.

Donc décidez vous à temps (une semaine, même un jour avant) – sans jugement !

Et entraînez vous avec !!

Ah, et surtout n’oubliez pas, l’arme fatale :
aimez la pièce pour la jouer par ♥️ !

 

Bon, il y aurait encore tant de choses à dire sur le sujet.

Mais en attendant, vous êtes déjà bien équipés, non ? 

 

Croyez-moi, cela vaut la peine. Ces méthodes, je les ai toutes testées maintes fois !

Et j’ai pu vérifier leur puissance aussi bien dans mes propres apprentissages qu’avec mes élèves.

Si cela vous intéresse d’en parler de manière plus personnelle ou pour vous faire coacher, vous pouvez me contacter directement en MP.

 

Partagez et diffusez cet article s’il vous a plu et surtout venez discuter avec moi dans les commentaires !

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