#30 – Le duo violon-piano

#30 - Le duo violon-piano
Une histoire de par coeur, de crapaud et de... playlist ! ❤️🐸🎻🎹💿

Aujourd’hui j’aimerais vous parler d’une catégorie particulière de la musique de chambre.

La musique de chambre, c’est quoi ?

La musique de chambre, je vous en parlais déjà dans un article sur les festivals de musique de chambre.

 

 

Comme son nom l’indique, c’est une musique à effectif réduit…qui peut se jouer littéralement “en chambre”: la Musica da camera – que l’on joue à l’époque baroque dans les intérieurs des nobles.

 

Une des définitions (semi-)officielles consiste à dire qu’une œuvre de musique de chambre est dédiée à un petit ensemble composé de 2 à 9 instruments.

Aujourd’hui - le duo : 2 !
Violon-piano...ou plutôt piano-violon

Déformation professionnelle oblige – j’ai envie de vous parler du duo violon-piano, ou plutôt piano-violon !!
En effet, à l’époque classique, chez Mozart, le déséquilibre est frappant – c’est piano principal avec violon. Au cours du XIXe siècle, le violon gagne en importance et devient un partenaire égal. Le discours devient plus paritaire. Pour se rendre compte de cette évolution, il est intéressant de regarder le cycle des dix sonates de Beethoven. Dans les trois premières, le piano est aux commandes. Et puis au fil du corpus, les choses “s’équilibrent” jusqu’au cas frappant de la 9e sonate, la fameuse sonate à Kreutzer – où là le dialogue est concertant. Les deux instruments sont traités comme des solistes qui dialoguent ou, on pourrait dire, s’affrontent à armes égales ! D’ailleurs c’est cette sonate qui inspirera Tolstoi pour son roman éponyme. (livre qui ne donne pas vraiment envie de se marier…) 😅

 

 

Mais souvent il faut bien l’avouer, le piano a une partie énorme (regardez les sonates de Brahms, la sonate de Richard Strauss, la sonate de Franck… !!). Et même si les violonistes aiment à penser qu’ayant les lignes mélodiques et thématiques, ils “dominent” le discours, pas de doute : c’est dans la partie piano que se trouvent tout le support et toutes les richesses.

Partenariat musical

La semaine dernière j’ai eu la joie de jouer avec Abdel Rahman El Bacha au festival des Grandes Heures de St-Emilion. Nous jouons régulièrement ensemble avec Abdel Rahman depuis presque six ans maintenant. Et à chaque fois, c’est une expérience exceptionnelle pour moi, qui me donne l’impression d’aller plus loin.

 

Dès notre première collaboration à Marseille lors de la Folle Criée consacrée à Beethoven en Novembre 2013, l’entente a été évidente. Dès les premières pages jouées ensemble à la répétition, il était clair que nous n’aurions pas besoin de discuter, “négocier”, argumenter…Il y avait une compréhension mutuelle et nous étions – dit de manière prosaïque- sur la même longueur d’ondes.

Lors du concert, Abdel Rahman a joué par coeur. N’étant pas prévenue qu’il aimait se produire sans partition également en musique de chambre (la plupart du temps quand les pianistes jouent par coeur, c’est en récital ou en concerto bien sûr, mais très très rarement en musique de chambre), je n’avais pas mémorisé ma partie. Pas de problème. Nous avons joué ainsi – moi, avec partition, lui sans. Cela était anecdotique finalement. Et surtout, le concert avec la sonate à Kreutzer avait été exaltant.

 

Pourtant cela m’avait intriguée. Je lui avais alors dit que si nous étions amené à rejouer ensemble, je serais heureuse de tenter l’expérience. Depuis, nous avons rejoué ensemble à diverses occasions au Japon, en France, dans différents festivals (Nantes, Cholet, Noirmoutier, Villevieille…).

 

 

Et j’ai fait l’expérience du par coeur en sonate – expérience aussi terrifiante avant de rentrer sur scène que galvanisante au moment de l’exécution !
Je vous en parlais déjà dans un article précédent sur le trac et sur la mémorisation.

 

 

Et la semaine dernière, j’en ai fait à nouveau l’expérience dans des sonates de Mozart, Beethoven et Franck. Et en sortant du concert, je me disais, une fois de plus, que c’était une chance extraordinaire de pouvoir approfondir un partenariat musical et développer cette confiance réciproque. C’est sans doute le fait qu’il y ait une écoute sensible et une disponibilité aux propositions musicales de l’autre – en temps réel sur scène !
Ainsi, chacun s’inspire tour à tour et le concert est une vraie aventure…qui peut amener loin !

Le Duo Ferras-Barbizet

En Janvier 2020, nous jouerons au Théâtre de la Criée à Marseille à nouveau. C’est un concert dont je me réjouis d’avance !
En quelque sorte, il s’agira de “jouer à domicile”, comme on dit en foot – ce qui ne m’arrive pas si souvent. Ainsi dans la salle il y aura des gens qui me connaissent depuis l’enfance – dont certains ont déjà réservé leurs billets ☺️❤️

 

Hyper touchée ! 🙂

 

De plus, ce concert a une signification spéciale car le programme est un hommage au duo fabuleux que formait le violoniste français Christian Ferras (1933-1982) avec le pianiste né au Chili Pierre Barbizet (1922-1990) – qui était d’ailleurs le fameux directeur du Conservatoire de Marseille !
Je l’ai d’ailleurs croisé dans les couloirs quand j’étais toute petite ! Pas grand, il avait une présence impressionnante…et avec sa voix rocailleuse – on le surnommait le crapaud 🐸



 

Un immense pianiste et pédagogue qui a marqué des générations et donné ses heures de gloire au conservatoire de Marseille.

 

Ferras et Barbizet avaient d’ailleurs l’habitude de jouer par coeur tous les deux leurs programmes de sonates. Ils apprenaient leurs parties respectives pendant leurs voyages en train – Je vous parlais déjà de l’importance du travail sur partition, travail mental pour intégrer le texte !

Les duos légendaires

En repensant à tout cela, je me suis dit que j’avais envie de partager avec vous des enregistrements de quelques duos légendaires. Vous connaissez déjà mon amour des grands violonistes, dont je vous ai parlé cet été sur France Musique dans la série intitulée “Mon coeur est un violon”.❤️🎻
Alors quand ces violonistes fabuleux jouent avec des pianistes non moins fabuleux…et bien, magie !

 

Cette semaine je vous propose une première playlist de musique française ou plutôt franco-belge qui a une résonance toute proustienne car ces sonates font partie des prétendantes au titre de modèle pour la sonate de Vinteuil de la Recherche du temps perdu !

 

Au menu,

 

 

 

 

 

 

 

Cette playlist est disponible sur ma chaîne YouTube ou ici : http://bit.ly/30ilxqP

 

Vous m’en direz des nouvelles !

 

🎬
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#29 – Les vacances des musiciens

#29 - Les vacances des musiciens
Une histoire d’automatismes, d’adrénaline et d’...inspiration ! 🤖🔥🦄

Oui, c’est bel et bien la rentrée. A peine les festivals d’été terminés (certains ont encore lieu jusqu’à fin Septembre), chacun reprend ses activités, jette un œil serein (ou angoissé) sur la nouvelle saison. Et les concerts reprennent dans les grandes salles, autrement dit la saison 19-20 est lancée ! La « reprise »…

 

 

Car oui, certains musiciens ont pris des vacances. Si, si ! 🌴

L’été d’un musicien n’est souvent pas de tout repos.

En effet, il est bien connu que l’été est une saison très active pour les musiciens à cause du grand nombre de festivals. A contre-courant de beaucoup de catégories socio-professionnelles, qui prennent leurs grandes vacances, les musiciens travaillent l’été. Et pour certains, c’est une période sacrément chargée.
Je vous le racontais dans l’article de la semaine dernière.

 

 

Beaucoup de voyages avec les péripéties qui vont avec.

 

 

Voyager avec son instrument dans des conditions climatiques parfois éprouvantes pour les musiciens et pour les instruments ! Et des situations qui peuvent êtres stressantes, où il faut s’adapter rapidement, monter plusieurs programmes avec peu de répétitions. Important de bien gérer son trac !

 

 

Vous vous souvenez sans doute de la phrase de Jascha Heifetz que j’adore citer :

 

Pour être violoniste,
il faut les nerfs d’un torero,
la vitalité d’une hôtesse de boîte de nuit et la concentration d’un moine bouddhiste.

 

En y regardant de plus près, on se rend compte qu’il existe une certaine réserve par rapport au sujet des vacances du musicien, une mythologie collective. 😉

Culture ambiante autour des vacances des musiciens

Mythe du “zéro vacances”

D’abord parce que certains musiciens entretiennent le mythe qu’ils ne prennent jamais de vacances, ce serait incompatible avec la pratique musicale qui se doit d’être quotidienne. Qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il neige ! (souvent) #intox

La peur de prendre des vacances

Ensuite, parce que certains ont parfois peur de prendre des vacances. Et ce, pour plusieurs raisons.
Certains sont accros ! 💉💉💉
(J’en parle en connaissance de cause ! 😅)

  • Accros à leur instrument : ils deviennent insupportables quand ils arrêtent de jouer , même quelques jours. Un ami me confessait devenir invivable s’il arrêtait de jouer plus d’une semaine. Du coup, c’est sa femme qui lui interdisait de s’éloigner d’un piano trop longtemps !
  • Accros à l’adrénaline que procurent les concerts. Quand on est à 300 km/h, que se passe-t-il quand on se pose au calme ? Dur, dur parfois….C’est là que la vraie angoisse s’exprime !
  • Et puis, il y a donc cette culture ambiante du sacro-saint travail quotidien. Et il est vrai que dans mon enfance, il n’était rarement question de vacances. L’été, c’était la période des Académies d’été, les stages et même hors des périodes de stages, puisqu’il n’y avait pas l’école, on pouvait en profiter pour travailler encore plus.
    Je me souviens de longues journées de travail dans une grosse chaleur marseillaise. A une époque, je me repliais dans la cave, minuscule, où je travaillais des caprices de Paganini face à des livres d’histoire… .
    Je me souviens de longues journées de travail dans une grosse chaleur marseillaise. A une époque, je me repliais dans la cave, minuscule, où je travaillais des caprices de Paganini face à des livres d’histoire… Mais ca, c’est une autre histoire. #nerd

Les autres peurs associées

  • perdre ses automatismes :🤖

Outre l’angoisse parfois métaphysique de la “pause” après une phase d’intenses activités, évoquée précédemment, une des premières peurs est celle de perdre ses réflexes. Que se passe-t-il si on casse le rythme et que l’on ne joue plus tous les jours ? Un peu comme un sportif, on se dit que l’on va perdre ses moyens, ses automatismes, parfois durement acquis.

 

  • avoir mal à la reprise : 🖐

Cette peur est parfois légitime. Parfois après une pause, cela ne sonne pas terrible…et cela peut faire mal – au sens littéral du terme !
Et encore plus si vous vous êtes allègrement baignés… les doigts dans l’eau, la corne au bout des doigts s’est ramollie, ou a disparu (vous savez, cette couche de peau qui se forme à force de contact répété). Et là, aie, aie, aie. 😱
Les violoncellistes et les contrebassistes vous le diront. Mais c’est aussi vrai au violon… surtout quand on a une hauteur de cordes un peu trop élevée…mmm, sur la corde de Mi toute fine !! 💀 Idem pour les instrumentistes à vent…

 

  • l’anticipation de l’inconfort

Mais souvent, cette peur est surtout alimentée par l’anticipation de l’inconfort physique à la reprise. Et il suffit d’avoir vécu cela une fois de manière un peu traumatisante pour préférer renoncer à prendre des vacances qui pourtant seraient bien salutaires…

La planification : la clé !

En fait, la vraie question c’est de savoir si l’on pourra se permettre de reprendre doucement, sans pression.
Ce qui n’est pas toujours la cas, aussi bien pour des questions d’organisation que pour des enjeux économiques. Par exemple, difficile pour un intermittent de rater un cacheton avec un ensemble par lequel il est régulièrement appelé, pour cause de reprise progressive. Idem pour les solistes, difficile de passer à côté d’un engagement de dernière minute.
Là où les musiciens en poste d’orchestre et ou poste de professeur pourront mieux planifier.

 

To travel or not to travel
Et bien sûr, les musiciens connaissent cette peur des vacances que les gens qui voyagent beaucoup professionnellement – quelle que soit leur profession – partagent. Ce besoin de se reposer, mais de partir loin de sa routine. Que faire quand on n’a aucune envie de voyager loin mais aussi aucune envie de rester à la maison (où l’on court le risque de…continuer à travailler !) ? Et en plus, voyager pour des vacances nécessite de planifier, réserver un billet d’avion ou de train, réserver un hôtel – ce que l’on passe son temps à faire déjà pendant l’année ! 😱
Sans même parler d’empreinte carbone
#dilemme#prisedetêtevous voyez ce que je veux dire ? 🤕

Les vacances : un enjeu essentiel pour les musiciens

Et pourtant il faut bien trouver le moyen de recharger ses batteries. Cela est même essentiel ; pour plusieurs raisons !

  • un enjeu de santé : comme je vous le racontais dans un article précédent, il y a un enjeu de santé dans la pratique musicale car souvent il s’agit de mouvements répétés et toujours les mêmes. Par exemple au violon, la posture asymétrique a un impact certain sur la musculature.

 

 

Avec les vacances, il s’agit de déprogrammer tout cela. Ce qui est essentiel pour prévenir le risque de blessure, pour empêcher que des douleurs chroniques ne s’installent et pour laisser le corps se régénérer. Une phase de récupération physique et mentale !

 

  • un enjeu d’apprentissage : le mental et l’intégration.

je vous parle souvent dans ce blog de neurosciences. 👽
Dans tous les pratiques, des courbes d’apprentissage sont rarement linéaires. Elles montrent que la progression se fait par palier. Et il existe deux écoles – ( je pense qu’elles sont toutes les deux valables surtout si on les combine) : persévérer, persévérer, persévérer pour passer un cap ET aussi lâcher prise, faire une pause.

 

Cette pause, c’est ce qu’on appelle la phase d’intégration. Et cette phase-là est essentielle : celle qui permet au conscient acquis de passer au stade d’acquis inconscient ! C’est aussi celle qui donne confiance sur scène, mémorisation entre autres.

 

 

C’est le même processus que lorsque l’on apprend une langue par exemple. On dit que pour mémoriser telle structure ou tel mot, il faut l’avoir oublié x fois.

 

  • un enjeu artistique : retrouver la fraîcheur !

Les sportifs appellent cela : retrouver la « faim ». 🍽
L’envie de se dépasser, l’envie de se consacrer à des tâches …

 

Il faut imaginer Sisyphe heureux

 

Voilà ce que nous dit Camus. 🤓
Vous savez, Sisyphe était condamné à pousser encore et toujours une énorme pierre vers le sommet d’une montagne, sachant que la pierre roulerait fatalement.
C’est un peu ce que fait un interprète avec une œuvre et avec son instrument !

Alors, pour imaginer “l’interprète Sysiphe” heureux, il faut qu’il puisse poser sa “pierre” de temps en temps, en bas de la montagne, qu’il reprenne son souffle, revienne sur soi, analyse certaines choses, laisse les choses se décanter.
Car une saison musicale est longue et à moyen terme voire long terme, la routine peut s’installer, la fraicheur peut s’émousser.

Les bénéfices directes ou bénéfices secondaires

  • On joue souvent beaucoup mieux après la pause.
    Souvent il me semble que certains gestes sont plus déliés, comme si j’avais “compris” quelque chose corporellement.
  • Bon – Il y a aussi les fois où ce n’est pas du tout le cas. 😅 On rame à la reprise.
    Mais c’est alors l’occasion de refaire des basiques, remettre des choses à plat. Un peu comme les sportifs qui font des stages de reprise : abdos, endurance etc… 😱
    Je vous parlais déjà des basiques dans le tout premier article de cette série :

 

 

Heifetz posait son violon chaque été, plusieurs semaines. Quand il s’y remettait, il reprenait sur un autre violon, un violon d’étude – par doses homéopathiques. Pas bête comme astuce psychologique, le violon d’étude – en gros, si ca ne sonne pas si bien tout de suite…ce n’est pas vraiment de votre faute 😉

 


Mes élèves que j’incitais à travailler mieux (et plus) étaient souvent étonnés que je leur prescrive des semaines sans violon l’été. C’est de ma professeur à la Hochschule de Münich Ana Chumachenco que je tenais cela. Elle nous encourageait toutes et tous à poser le violon au moins deux semaines chaque été.

 

avec ma professeur Ana Chumachenco

Briser la routine et stimuler la créativité

  • Un des grands ennemis de toute créativité, c’est la routine.
    Alors, il faut recharger la source, se réinventer, retrouver un regard neuf sur des partitions que l’on connait bien : tout l’enjeu des interprètes.
  • faire autre chose, sortir de sa bulle.
    Lire tranquillement, faire des randos pour certains, buller sur une plage, refaire le monde autour d’un verre de rosé de préférence. Installer de nouvelles routines, non-liées à la pratique instrumentale ou au contraire, enchainer grasses matinées…🤗
  • surtout, créer du vide: créer le manque à partir duquel surgit un désir renouvelé.
    Car vacances étymologiquement veut bien dire vide, vacuité. Et paradoxalement quand on se sent vidé, épuisé, c’est souvent par un trop-plein !

 

C’est dans le vide que peut jaillir une nouvelle étincelle, et qu’un appel d’air se crée : de nouvelles envies de répertoire, de nouveaux projets, ou tout simplement cela crée la possibilité de retomber amoureux d’une pièce.❤️

 

Prendre des vacances pour un musicien peut presque nécessiter une forme de courage. Mais on y prend goût !

 

🚦Retour à la réalité, ce soir : récital !
Wish me luck ! 🍀

 

📸
Et vous, vous avez pris des vacances ?

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#28 – Les festivals d’été

#28 - Les festivals d’été
Une histoire de concerts, de public et d’...utopie ! 🎶⭐️

Alors que nous sommes déjà presque tous dans une dynamique de “rentrée”, j’ai envie de suspendre le temps encore un peu ; prendre encore une petite respiration estivale avant de se lancer à fond dans la nouvelle saison. Aujourd’hui je vous raconte quelques impressions autour des festivals d’été.

 

Nul besoin de préciser que l’été est la saison par excellence des festivals. Et les festivals d’été, c’est la promesse d’une expérience intense aussi bien pour le public que pour les musiciens !

 

Après tout, logique – festival, cela vient bien de fête, de festivité !

Il existe toute sorte de festivals de musique classique.

Souvent c’est l’occasion de faire vivre une thématique, de fêter une personnalité, un compositeur, un type de musique, de mettre en valeur un lieu, de proposer une programmation particulière. Il en existe de toutes sortes : certains festivals sont en un week-end, d’autres étalés sur plusieurs jours, plusieurs semaines. Parfois, on peut y entendre plusieurs concerts par jour, matin, midi, soir…même la nuit !
On y joue en plein air, dans des salles de concert, dans des églises ou dans des lieux insolites…Le focus est mis sur la musique de chambre, le piano, l’opéra…Bref ! On trouve toutes les formules et il y en a pour tous les goûts. Et aussi tous les budgets. 😉

 

Cet été j’ai eu la chance de faire escale dans de superbes festivals, tous très différents et de tailles variées ; de petites structures et de très grosses machines.

Le festival de Verbier

A Verbier, en Suisse, tous les ingrédients sont réunis : un lieu magique dans les montagnes, un plateau de stars très glamour 😎, des moyens financiers conséquents… deux voire trois orchestres en résidence : le VFO (Verbier Festival orchestra), VFCO (l’orchestre de chambre du festival) et le VFJO, un extraordinaire orchestre de jeunes.

 

Le VFJO en répétition avec le chef James Gaffigan !

 

Des lieux différents : salle des Combins, l’église de Verbier et autres lieux plus insolites.
Bref, en endroit magique où les festivaliers peuvent passer du bon temps la journée : aller se promener, faire des randonnées, manger de la raclette.

 

 

Ou aller écouter les classes ouvertes de l’Académie qui accueille des jeunes musiciens en début de carrière, très talentueux et prometteurs. J’ai d’ailleurs eu la chance de participer à l’Académie plusieurs fois, il y a déjà plus de quinze ans ! Et c’est là que j’ai rencontré Ida Haendel, Joseph Silverstein ou ma professeur Ana Chumachenco. Cette année j’étais du côté des coachs pour les Académiciens, je documentais les activités de l’Académie pour un projet de podcast.

 

Un super jeune quatuor francais : le Quatuor Agate !

 

Certains grands festivals développent des actions pédagogiques autour des concerts. Cela crée des conditions très stimulantes pour les jeunes artistes qui peuvent côtoyer des artistes plus confirmés et donc …s’inspirer des étoiles ! Et cela est très intéressant pour le public qui peut ainsi jeter un regard sur les cuisines, la “fabrique” d’un musicien, en assistant quotidiennement aux masterclasses.

 

En Suisse, il existe de nombreux « grands festivals » historiques, avec des plateaux très prestigieux. Par exemple, le Festival de Gstaad ou le festival de Lucerne qui accueillent de grosses phalanges orchestrales. Ces festivals portent souvent une longue tradition autour de personnalités artistiques majeures du XXe siècle. A Gstaad, c’est Lord Yehudi Menuhin. A Lucerne, des chefs d’orchestre comme Toscanini !

 

En France, il y a le grand festival d’Aix-en-Provence, largement axé sur l’opéra. Mais en fait, si on regarde bien, il y a pléthore de festivals en France !
En tant que spectatrice, je suis passée rapidement à La Roque d’Anthéron, festival culte pour tout amateur de piano (et de cigales !) qui se respecte.

 

 

J’ai eu aussi la chance d’écouter un très beau concert avec l’Orchestre de l’Opéra de Rouen et le violoncelliste Victor Julien-Laferrière (fantastique !) aux Musicales de Normandie – à la Chapelle Corneille.

 

 

Un superbe lieu dans une ville non moins superbe (Rouen – ma découverte de l’été).

Récital solo aux Flâneries Musicales de Reims

En début d’été, je suis passée aux Flâneries Musicales de Reims. C’est un festival où j’ai fait mes débuts avec orchestre dans plusieurs grands concertos : le Mendelssohn, le Tchaikovsky (concert capté par France Musique à l’époque – niveau de stress maximal !), le Bruch nr.1 et tant de programmes de récitals et de musique de chambre. Cette fois-ci, c’était en solo dans mon programme Violon+. Le lieu était sublime, une petite église à l’acoustique idéale.

 

 

En tant qu’artiste de passage, on développe des attaches presque sentimentales avec un tel festival. On connait tous les membres l’équipe, de l’accueil à la régie en passant par la comm’ ou même les tourneurs de pages. Ils nous voient littéralement grandir. Et chaque année on retrouve des personnes du public qui suivent. Ce ne sont pas des “dates” comme les autres. Cela rend l’expérience si chaleureuse.

Résidence avec Magnus Lindberg au festival de Montpellier

Ensuite je suis retournée au Festival de Montpellier. C’est un gros festival avec beaucoup de concerts et des grosses productions. La thématique était la Baltique. Nous étions en résidence avec Florent Boffard et Anssi Karttunen autour du compositeur finlandais Magnus Lindberg. Nous avions deux concerts, deux jours de suite : l’occasion de rester un peu sur place et de répéter intensément, même en période de canicule… alors que la clim’ ne fonctionnait pas le jour J, le plus chaud ! Ah, la joie des répétitions d’été où la sueur fait se décoller le violon sous la mentonnière. Car oui, nous ne sommes pas les seuls à souffrir des changements climatiques; les instruments aussi…
Mais quelle joie de créer une œuvre et de jouer avec de tels musiciens.

 

Ici dans le 2e trio de Brahms avec Florent Boffard et Anssi Karttunen

La convivialité

Ce qu’il y a de merveilleux dans ces festivals, c’est que cela donne l’occasion de moments privilégiés. Le temps est parfois très rapide mais quand on reste deux jours voire trois d’affilée, on a le temps de poursuivre des conversations plus personnelles ou d’approfondir des réflexions artistiques. Et partager quelques bons repas !

 

Ensuite, je suis aussi passée dans des festivals plus familiaux et tellement chaleureux !
Je dois dire que souvent les festivals de taille plus réduite rivalisent d’hospitalité et de convivialité.
Et puis rien de tel que de retrouver des amis pour faire de la bonne musique.

 

Fine équipe pour Till Eulenspiegel de Strauss et pour le Septuor de Beethoven

 

Quand en plus, les lieux sont sublimes. Par exemple, à Cordes-sur-Ciel qui est un village magnifique ou à Villevieille – idem.

 

En récital avec Abdel Rahman El Bacha à Villevieille

Les “surprises” et autres bémols

Alors, oui, il y a aussi parfois quelques bémols.
Parfois, les lieux ne sont pas à 100% adaptés, les acoustiques pas optimales. Il y a aussi les cas de plein-air, que je refuse souvent de pratiquer (pour des raisons de santé de mon violon !).
Il y a aussi la canicule qui rend les longues heures de répétition et les nombreux déplacements fastidieux. Et on traine souvent sa lourde valise, pleine de tenues de concerts et de vêtements adaptés à différentes températures !!
Choc climatique entre Verbier et Montpellier !

 

 

Parfois aussi, quand les lieux ne sont pas habituellement des lieux de concert, on peut avoir quelques surprises. Pas de salle pour se changer, pas de loge, pas de miroir. Et plus problématique, pas de toilettes à proximité… très embêtant. 😅

 

et puis, artistiquement, c’est souvent un “pari” car tout le monde est en déplacement et donc – il y a peu de temps de répétition disponible. C’est bien sûr l’avantage de jouer avec des groupes déjà formés ou d’anticiper beaucoup les séances de répétition.
On est souvent hors de sa zone de confort par rapport aux concerts programmés dans une série dans l’année.
Donc, il faut avoir le coeur et les nerfs bien accrochés.

Pour l’amour du risque !

Mais in fine, malgré cela, ou grâce à cela (?) – nous, musiciens, sommes tous un peu accros aux challenges et montées d’adrénaline, cela génère des moments absolument magiques.

 

C’est le grand chef Leonard Bernstein qui disait :

 

“Pour accomplir de grandes choses, on a besoin de deux choses : un plan et pas tout à fait assez de temps !”

 

 

Alors, on réalise l’impossible, on joue des programmes fous en créant un esprit d’équipe où l’on “survit” ensemble sur scène. On enchaine une quantité parfois énorme de répertoire différent, allant d’un récital solo à un concert en septuor, en trio, en soliste avec orchestre ! On passe du coq à l’âne. Mais quelle satisfaction après !

Des publics et des lieux qui donnent des ailes

Il y a aussi un contact si direct avec le public, une proximité qui porte et donne des ailes. Et quand on a des amis de passage dans la région qui viennent écouter, c’est “cadeau”.

Et puis, il y a des lieux magiques qui inspirent. Par exemple, pour moi, cet été j’ai été émerveillée par la découverte du festival de Villevieille. C’est sans doute la plus acoustique de plein-air que je connaisse. La scène est protégée par les murs de la cour du château.

 

 

Et puis, jouer sous un ciel étoilé, cela donne une dimension tellement poétique au concert.

Une logistique impressionnante 🙏

Pour finir, j’aimerais faire une petite déclaration à toutes ces personnes qui rendent les festivals possibles, qui sont du côté de l’organisation, les équipe de bénévoles. Certains festivals font littéralement des miracles, avec des budgets très réduits. On n’imagine pas toujours ce que cela nécessite – de petites et grandes actions : une logistique impressionnante parfois avec très peu de moyens.
Cela va de l’accueil : aller chercher les musiciens à la gare, les amener à l’ hôtel, les faire manger bien si possible (oui, un musicien qui ne mange pas bien, ne joue pas bien !), les faire boire (pas trop, mais suffisamment). Merci à toutes ces personnes plus adorables les unes que les autres et prêtes à se mettre en quatre pour nous offrir les conditions propices à un beau concert !

J’ai été impressionnée par la force de vision de chaque festival, d’autant que faire un festival de musique classique de nos jours relève souvent de l’utopie !
BRAVO à tous !👏

 

Alors, soutenons tous ces festivals qui nous offrent des moments d’échange précieux, en tant que musicien ou spectateur. Cela crée du lien dont nous avons besoin, n’est-ce pas ?
Et gardons ces belles impressions lors de la « reprise » de la saison !

 

J’espère que vous avez tous passé un bel été. Peut-être en sillonnant aussi les festivals ?

🎬
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#27 – Jouer hors des salles de concerts (1ère partie)

#27 - Jouer hors des salles de concerts (1ère partie)
Une histoire de rodage, de médiation et de... prison 👮

Les semaines dernières j’ai eu la chance de vivre une expérience extraordinaire. J’ai donné des ateliers et un concert dans un centre pénitentiaire.
C’est quelque chose que je voulais faire depuis longtemps.

 

Laissez-moi vous raconter d’abord d’où m’est venue cette envie.
Lors de mes études au CNSMDP (Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris), grâce au Bureau des étudiants, une association d’Anciens élèves, nous avions la possibilité de « rôder » nos programmes de concours dans différents cadres.

 

Rôder un programme est essentiel dans une formation de musicien. Il s’agit de tester de nouvelles pièces en public. Ces premières fois, véritables baptêmes du feu sont très importantes. Elles permettent de faire un premier bilan d’étape par rapport à l’apprentissage d’une nouvelle œuvre. C’est souvent uniquement à partir de là que le vrai travail peut commencer.

Une manière d’optimiser sa courbe d’apprentissage 💀🏆

C’est d’ailleurs ce que prônait systématiquement ma professeur plus tard à Münich, la merveilleuse Ana Chumachenco. Elle nous encourageait à monter sur scène très souvent lors des « auditions de classe » (Les Klassenabend ) à la Hochschule de Münich et à « tester » les oeuvres après seulement quelques jours d’apprentissage (intense!).
C’était en fait, je l’ai compris bien plus tard, une forme de coaching !
Si,si- comme le ferait un Didier Deschamps ou une Corinne Diacre ! ⚽️

 

 

Nous savions alors que nous avions « tenu le choc » et nous repérions très vite les « vrais » passages à renforcer, à améliorer.

 

Ana Chumachenco – une prof idéale <3

 

Optimiser son temps de travail est une de mes grandes obsessions !

 

 

Je vous en parle depuis le début de son blog ! Vous vous souvenez peut-être de la Méthode Pomodoro ?
N’est-ce pas, Anthony ?

 

 

Ainsi que l’efficacité du travail lui-même, d’ailleurs.
En effet, la tendance est de souvent de ne travailler que ce que l’on sait déjà bien faire. On renforce ce qui marche déjà et on néglige inconsciemment ce qui ne marche pas encore…
Une autre forme de blindspot – dont je vous parlais dans l’article sur la mémorisation #neurosciences !

 

La confiance et le mental 🚘

Ces « rodages » (oui, le même terme utilisé pour une nouvelle voiture entre autres !) permettaient de gagner un temps considérable dans l’intégration du nouveau répertoire et de renforcer au passage profondément la confiance et le mental. En effet, l’inconscient savait alors que nous avions « survécu ».

Le mur mental qui peut se créer lorsque la conscience de la difficulté s’installe au fur et à mesure du travail approfondi n’avait alors pas le temps d’être construit ou de s’installer !

 

C’était aussi encore et toujours un apprentissage dans la gestion du trac. Apprivoiser le trac en le fréquentant régulièrement. Je vous en parlais dans l’article #3 et aussi dans la tribune sur La Lettre du Musicien : “Le trac, parlons-en !”

 

 

Pour revenir à ma période d’études à Paris au CNSMDP, avec ma meilleure amie, pianiste Sarah, nous avons régulièrement joué dans des maison de retraite en région parisienne.

 

Au delà de l’apprentissage musical et artistique lié à ces rodages, j’ai réalisé plus tard que nous avions développé beaucoup d’autres compétences. Par exemple, une forme d’« agilité » comme on dit en entreprise, une capacité d’adaptation et une forme de souplesse par rapport aux conditions des concerts.

 

En effet, souvent nous jouions dans des lieux qui n’étaient pas toujours vraiment adaptés, dans des acoustiques peu favorables, face à un public qui n’était pas celui “habituel” des salles de concert.

Le musicien- communicant 🎼🎻❤️

Outre cette capacité d’adaptation, nous avons aussi été mise face à la nécessité d’être dans une relation de communication avec un public, d’établir un contact – qu’il soit verbal ou non – avec les auditeurs.
En somme, c’est ce qu’on appelle la médiation. Mais une forme de médiation totalement pragmatique et empirique au départ.

 

Rien de tel, me semble-t-il que cette prise de conscience et développement de savoir-faire par une expérience vécue dans le réel. On dit souvent que l’on développe avec motivation des outils que lorsque la nécessite l’impose !

Un concert inoubliable : le silence inattendu ! 🤐🙏

Si je devais vous raconter l’expérience la plus marquante de cette série, c’était un concert dans un centre gériatrique. On nous avait annoncé une maison de retraite, or il s’agissait de quelque chose de bien différent.
Dès notre arrivée, nous avons réalisé que ce concert serait …exceptionnel.

 

Pour arriver vers le lieu de concert, la salle commune, il fallait passer des portes sécurisées. Impossible de sortir sans être accompagnées. Assez angoissant !

 

Le piano (piano droit, bien sûr !) était attaché au sol, vissé. Le public est arrivé, beaucoup de personnes en fauteuil, accompagnés d’aides. Certaines personnes au contraire tournaient littéralement en rond.

Quand nous avons commencé à jouer, impossible d’obtenir du silence.
Souvent j’aime à dire que comme pour quelqu’un qui voudrait dessiner, nous avons besoin d’une “page blanche”. 🖌
Et cette page blanche en musique, c’est le silence !

 

Mais là, c’était peine perdue.
Je commence en solo : Fugue de Bach, Caprices de Paganini. Etrange sensation de déconnexion totale. Et puis, vient le moment incroyable. Nous entamons le 1er Concerto de Concerto de Shostakovitch, qui était à mon programme de récital de fin d’études ! Une de mes œuvres favorites.

Le premier des quatre mouvements du Concerto est un Nocturne. Au sens littéral, l’ambiance y est lugubre, sombre et inquiétante. A peine cette musique amorcée, un silence s’est installé dans la salle et là, nous avons senti avec Sarah que la communication passait. Au-delà des mots, bien sûr.
Un moment inoubliable et profondément marquant.
chargé de sens !

De la musique à la musicothérapie

…on peut se dire qu’il n’y a qu’un pas.
En interviewant récemment la violoniste baroque Amandine Beyer pour le magazine Transfuge, Amandine me confiait qu’elle envisageait le métier de musicienne comme celui de thérapeute. Un métier de “soin” par les sons.

 

 

Une très belle philosophie !

Mais au-delà de l’impact sur les auditeurs, il y a aussi un impact sur nous, interprètes.
La qualité d’écoute d’un public est un facteur essentiel dans un concert. Il y a une corrélation entre la réception et la production de la musique. Un effet rétro-actif !
Au plus le public écoute, est en état de réception, au plus l’interprète entre en résonance et se livre.

 

Et cela se produit de manière magique, notamment dans des cadres hors de toute logique de consommation.

 

Dans des lieux comme des hôpitaux ou en prison, où les états émotionnels sont bien différents d’autres contextes de société, le fait d’amener de la musique place la rencontre sur un tout autre niveau de communication et d’échange.

La musique n’est plus un bien à consommer, une source de divertissement (au sens d’entertainment). Si elle est divertissement, c’est au sens le plus métaphysique du terme.

On est au niveau des “nourritures spirituelles”, mot de Walter Benjamin, dont je vous parlais déjà dans mon article “La musique classique en procès”.

 

 

La suite dans le prochain article ! (…)
Je vous raconterai plus en détail mon expérience des ateliers et concerts en prison !
🎬

 

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#26 – Interpréter une partition

#26 - Interpréter une partition
Une histoire de texte, de notation et de ...Tora ! 🎼✍️✡

Cette semaine je vous propose un numéro spécial. Il s’agit de la vidéo d’un entretien publié sur le site Akadem.
Qu’est-ce que signifie interpréter une oeuvrelire un texte ou une partition ?

 

J’ai eu l’immense honneur et la joie d’échanger sur ce sujet avec le rabbin, philosophe Marc-Alain Ouaknin lors d’un entretien mené par Frédéric Hutman.

Vous connaissez sans doute Marc-Alain Ouaknin par ses émissions .

Vous connaissez sans doute Marc-Alain Ouaknin par ses émissions “Les Talmudiques” sur France Culture.

C’était très émouvant pour moi de le rencontrer car j’ai beaucoup nourri ma pensée par ses livres. Notamment quand je travaillais sur les symphonies de Mahler et que je préparais mon doctorat en musicologie, je l’ai beaucoup lu. Tsimtsoum en particulier !
Et je pense que Bibliothérapie m’a littéralement “guérie”, cette lecture m’a donné un second souffle.

Cette thématique de l’interprétation m’occupe constamment.

  • Quel est le rôle de l’interprète ?
  • Y a-t-il une responsabilité de l’interprète par rapport au compositeur voire même une “éthique” de la lecture de la partition ?
  • Comment renouvelle-t-on une “lecture” ?

 

🎬
Je vous laisse regarder !

✍️Hâte d’avoir vos retours en commentaires pour poursuivre la conversation !

#25 – le chef d’orchestre (1ère partie)

#25 - Le chef d’orchestre (1ère partie)
Une histoire de bâton, de chef fou et de ...panthère rose ! 😅

Cette semaine je commence à vous parler d’une des figures les plus marquantes dans l’imaginaire de la musique classique : le chef – ou la cheffe – d’orchestre.

 

Pour un.e soliste, le chef d’orchestre est le premier interlocuteur quand on joue un concerto par exemple. Je vous en parlais déjà dans mon article sur la « vie de soliste ».

 

 

Pour un musicien d’orchestre, c’est le « boss » musical. 😎

 

Très souvent, dans des discussions avec des amis mélomanes ou non, des questions reviennent sur ce personnage-clé.
Cette fonction cristallise tout un imaginaire dans l’inconscient collectif et exerce une fascination sans pareille : entre idolâtrie liée au charisme du « leader », parfois autocrate (!) et incompréhension face à des gestes…dignes d’un agent de la circulation.

 

En tout cas, sacré paradoxe que cette fonction incarnée par un homme (souvent ! J’y reviendrai ) qui monopolise l’attention sur scène alors qu’il ne produit pas de son (ou presque 😉

 

 

Alors, je vais essayer de répondre dans un prochain article à plusieurs des questions récurrentes et somme tout bien légitimes qui me sont posées :

  • A-t-on vraiment besoin d’un chef ?
  • Que fait-il en fait ?
  • A quoi sert la baguette ? Pourquoi certains dirigent avec, d’autres sans ?
  • Comment devient-on chef ?
  • Comment reconnait-on un grand chef ?
  • Où sont les femmes ?

 


En guise de “mise en bouche” sur le sujet , je vous propose aujourd’hui une série de 10 vidéos incontournables pour traiter la thématique !

Bienvenue dans le monde merveilleux des chefs !

 

⚠️Attention – zygomatiques ! Bonne humeur garantie ! 😅

Classique #1

scène de film cultissime, n’est-ce pas ?

Classique #2

(mais là, c’est bien réel …)

Classique #3

Classique #4

Ce type est génial…

Classique #5

A regarder jusqu’à la fin ! 🐭😎

Classique #6

Parce que la panthère rose est toujours au top !

Classique #7

Victor Borge est probablement un des comiques musicaux les plus incroyables.
A regarder d’urgence, sa Valse de Chopin !

Classique #8

Quoi de neuf, docteur ?

Classique #9

Vous connaissez forcément “Rachmaninov had big hands” 😅

Classique #10

(Là aussi, c’est réel… 100% culte et viral)
En allemand, on parle de Schadenfreude pour décrire cette “joie malsaine” que l’on éprouve en regardant un “plantage” dans les règles de l’art.
Inassumable mais cette vidéo est tellement drôle ! 😅

Et il faut peut-être ajouter que donner le geste qui lance la 5e de Beethoven est … très compliqué – pour beaucoup de chefs !

Stay tuned pour la suite !

🎬
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D’ailleurs quelle vidéo est votre préférée ?
Vous en avez d’autres en tête ?
Et vous, vous pensez que cela sert à quoi un chef d’orchestre ? 😉

#24 – Une vie de soliste (2/2)

#24 - Une vie de soliste (2/2)
Une histoire de sieste, d’alimentation et de ...”bis” 💤🍱

La semaine dernière je vous parlais de la vie de soliste en faisant référence à mon récent séjour à Bogota.

 

Je vous parlais de l’arrivée sur place, des répétitions avec le chef d’orchestre et avec l’orchestre, des nombreuses interviews, du temps libre limité.

 

 

Reprenons
Nous voici maintenant au jour du concert.

#5 Le jour du concert D-day

L’enjeu principal de ce jour pas comme les autres, c’est la gestion du temps.
La journée se déroule comme un arc tendu vers un seul objectif : être dans la meilleure forme possible pour le moment sur scène.
24 heures pour une trentaine de minutes.

 

Ainsi c’est une drôle de temporalité qui ne laisse pas beaucoup de liberté … du matin jusqu’au concert, tout est réglé et calibré autant que possible.

 

Le jour peut sembler interminable et à la fois extrêmement court. Une distorsion temporelle dans les règles de l’art !

La répétition générale

Souvent lorsqu’il s’agit d’un concert en soliste avec orchestre, la journée commence par la répétition générale de 10h à 13h.

 

La générale, c’est le moment où l’on « file » le programme, on joue le programme du concert d’un bout à l’autre. Normalement on joue les pièces dans l’ordre du programme du soir et on n’interrompt pas le déroulé même s’il y a des petits ratés.
Bien sûr, il existe des entorses à cette règle.
Il arrive que l’on programme la générale dans un autre ordre – pour des raisons pratiques. Par exemple si une pièce nécessite un effectif orchestral très différent. Ainsi les musiciens peuvent arriver ou partir plus tôt.

 

D’autre part, certains chefs d’orchestre utilisent la générale comme une répétition « normale », c’est-à-dire qu’ils continuent à transmettre des indications ou partager des remarques avec l’orchestre. Certains font totalement confiance et écourtent cette répétition pour garder la fraîcheur pour le soir.
Cela dépend soit de l’évolution et donc de la préparation du programme; soit du style du chef d’orchestre – perfectionniste jusqu’au bout.

Chacun son style.

 

En tant que soliste, si c’est la 1ère fois dans la salle de concert, il s’agit de prendre ses marques dans un nouvel espace, donc dans une nouvelle acoustique. Bien se positionner sur scène, entre le chef et l’orchestre.

 

Il s’agit aussi de se rassurer sur le flux général des pièces. On peut aussi régler encore (rapidement) deux, trois détails. décalage ou points précis.

 

Il est important de bien « doser » son énergie, car il serait dommage de « tout donner » lors de la générale et de passer à côté du moment sur scène : pas toujours évident de trouver le juste équilibre.

 

D’ailleurs, certains sont superstitieux, si la générale se passe « trop » bien…danger ! ⚠️

Bien gérer son alimentation et son énergie !

Dans la gestion de la journée, deux points cruciaux : manger et dormir !
Cela ressemble bien sûr à la gestion d’un jour de match pour un footballeur ou d’un jour de compétition pour tout sportif.

 

Manger : savoir quoi manger. Et à quel moment pour surtout ne pas avoir faim sur scène, le pire serait d’être en hypoglycémie.

Mais il n’est pas toujours simple de savoir quoi manger pour plusieurs raisons :
– parfois le trac noue l’estomac.
– selon les lieux de concert, la gastronomie locale est bien différente des habitudes et il n’est pas simple de trouver son plat préféré.
– les horaires de concert peuvent varier selon les pays. à 19h/19H30/20h/20h30/21h !!

 

Certains de mes collègues ne jurent que par un plat de pâtes – sucres lents pour “tenir”.
Pour ma part, je n’aime pas manger juste avant le concert.
Hors de question d’être en pleine digestion sur scène. Imaginez un peu toute l’énergie mobilisée à digérer !

Je préfère bien déjeuner puis grignoter des choses dans ma loge : idéalement ce sont des fruits secs et/ou oléagineux.
Et un peu de chocolat noir et quelques bonbons pour éviter d’avoir la gorge sèche.

 

Evidemment il est conseillé d’éviter l’alcool le jour du concert. 🍷
Chacun ses limites !
Lors de notre interview, en me parlant de son mentor Rostropovitch, Frédéric Lodéon me raconta que Rostro disait : il suffit d’arrêter de boire quatre heures avant d’aller sur scène ! 😅

 

 

Bon, je vous rassure. Pour moi, impossible de boire une goutte le jour J – avant le concert, il s’entend. 😉

 

De même avec le café, stimulant notoire. Il ne s’agit pas de changer ses habitudes le jour J.
Certains se “boostent” avec quelques cafés supplémentaires pour se réveiller. ☕️
Pour moi, une dose inhabituellement élevée de caféine combinée avec l’adrénaline du concert amène trop d’excitation, des tremblements : cela perturbe !

Il s’agit de bien se connaître et sans doute de ne pas subitement changer ses habitudes, de garder une forme de normalité dans son fonctionnement, même si ce n’est pas un jour comme les autres !

To practise or to sleep ? That is the question !

A choisir entre travailler ou dormir, pour moi – pas de doute : dormir !
Je suis une fan de la sieste d’avant-concert.
Je vous en parlais déjà dans l’article sur la mémorisation : entre chronobiologie et processus d’intégration du cerveau, la sieste est très vertueuse.
Rien de tel pour recharger les batteries.
A condition, bien sûr, d’avoir un bon réveil…ou plutôt deux !

 

Rituels

Là encore, avec la sieste comme avec le reste de la journée, il n’y a pas de règle. Il se s’agirait pas d’en faire une religion car parfois c’est tout simplement impossible. La répétition a été décalée, il y a un raccord son pour un enregistrement à la radio ou tout simplement, il faut retravailler certains passages qui résistent encore !! 😱
Bref ! Il est essentiel de faire preuve de flexibilité et de ne pas mentalement dépendre des conditions.
La devise reste :

 

Prepare for the worst, hope for the best.

 

Je vous parlais de gestion du temps… Il faut aussi prévoir le temps de se préparer… aller chercher sa robe (ou son costume) au pressing, se doucher, se laver les cheveux, se maquiller et toutes ces choses que l’on ritualise plus ou moins (!!).

Le trajet hôtel - salle de concert

Si l’hôtel n’est pas à côté, il faut bien calculer à quelle heure programmer le transfert de l’hôtel vers la salle. Ni trop tôt, ni trop tard… Cela est si vite arrivé, quelques embouteillages et c’est la catastrophe 😅

#6 Avant-concert

Il n’est pas rare que les organisateurs de concert nous sollicitent pour parler avant le concert pour une rencontre d’avant-concert avec le public.

Rencontre avec le public

 

Ce sont des moments d’échange où l’on se présente, où l’on répond à des question sur son parcours et où l’on parle des œuvres que l’on va jouer. Cela est souvent très intéressant.

 

Je trouve que le fait d’expliciter les intentions ou bien notre relation à l’œuvre que l’on s’apprête à jouer en scène renforce le sentiment de responsabilité en tant qu’interprète. Comme si on annonçait un “programme” et que maintenant nous nous engagions à faire ce que nous avions dit !

https://www.youtube.com/embed/C9tKm46j2Sw

 

Pourtant il n’est pas toujours simple de parler avant de jouer. Les zones cérébrales activées pour la parole ne sont pas les mêmes que celles engagées pour l’expression musicale ou l’imagination.
Et il est important d’avoir le temps de sortir du “mode” verbal, analytique pour repasser en “mode” imaginatif, intuitif, créatif.

Parfois les questions fusent et il est difficile d’interrompre les échanges à temps.

Et là, c’est la course ! L’horloge tourne !

A peine le temps de finir de se maquiller et d’enfiler la robe !
Ces gestes sont pourtant importants – au moment de passer ce costume de scène, comme pour un acteur, c’est le moment d’incarner le rôle.

 

Bien sûr, c’est aussi un rituel qui permet de conjurer le trac ou plutôt de l’inviter !
Vous vous souvenez ? Je vous en parlais dans un article sur la gestion du trac

 

 

et dans une tribune pour La Lettre du Musicien.

 

 

Le temps s’accélère. Avant le concerto est souvent programmée une ouverture ou une pièce relativement brève – entre 5 et 15 minutes.
Il est donc souvent trop tard pour se chauffer à plein son, notamment quand cela s’entend sur scène si on joue dans une loge en arrière-scène, trop proche et mal isolée.

Bon, on peut toujours faire encore quelques mouvements de QiGong ou quelques minutes de méditation.

 

Parfois on a un retour audio et/ou vidéo dans la loge, on entend ou voit ce qui se passe sur scène. On sait à la seconde près où l’on en est.
Parfois on vient nous chercher.
Encore une fois, c’est souvent une sensation entre : “trop tôt ou trop tard”.

Conjurer le sort (encore et toujours !)

Et puis,
on se dit un dernier mot avec le chef (selon la complicité) –

par exemple, (encore et toujours !)

Et puis,
on se dit un dernier mot avec le chef (selon la complicité) –

par exemple, (encore et toujours !)

Et puis,
on se dit un dernier mot avec le chef (selon la complicité) –

par exemple, toï, toï, toï
ou bien le fameux M**** , auquel on ne répond surtout pas merci !
ou bien encore en russe : Ни пуха, ни пера! auquel on doit répondre : К черту (au diable !)
ou bien, “Let’s have fun !”, “Enjoy!

ou encore des variantes plus personnelles, dont une que j’affectionne …
Whatever happens, let’s stay friends !” (“Quoi qu’il arrive, on reste amis !”) 😂

 

Encore une fois, on essaie de conjurer le sort avant de rentrer dans l’arène !

Une dernière respiration
Et on se jette à l’eau !

#7 Le bis

Imaginons que tout se soit passé au mieux.

 

Si le public applaudit fort et suffisamment longtemps, il est souvent attendu que le soliste donne un bis en solo.

Un Si le public applaudit fort et suffisamment longtemps, il est souvent attendu que le soliste donne un bis en solo.

Un Bis, c’est étymologiquement jouer une deuxième fois. Cela se faisait à l’Opéra au XVIIIe siècle quand un air (aria) était tellement apprécié, le public exigeait une “redite”.
Quitte à casser la logique dramatique, on redonnait l’air – pour le plaisir !
En anglais, le terme . Cela se faisait à l’Opéra au XVIIIe siècle quand un air (aria) était tellement apprécié, le public exigeait une “redite”.
Quitte à casser la logique dramatique, on redonnait l’air – pour le plaisir !
En anglais, le terme Encore – est emprunté au francais ! Encore une fois !
Et en allemand,
Et en allemand, Zugabe – on peut y voir la connotation de faire un cadeau, de donner quelque chose en plus (geben dazu).

Le “bis” après un concerto répond à d’autres codes qu’un “bis” après un récital.

 

Parfois il est impossible d’en jouer un, et ce pour plusieurs raisons.
– Après certaines oeuvres, il est très délicat de jouer – encore – quelque chose. L’oeuvre est complète, la messe est dite ! 😉
D’un point de vue de la dramaturgie, il n’y a rien à rajouter. Il s’agit juste de laisser l’oeuvre résonner.

– Parfois, on a vraiment tout donné, physiquement et émotionnellement, on est à bout de souffle ou de ressource. Il serait presque dangeureux de jouer encore quelque chose qui vienne “casser” tout.

– Enfin, d’un point de vue encore plus pragmatique et terre-à-terre, il arrive que le programme du concert soit déjà très long ou que ce soit même un direct radio, et il est impossible de “rajouter” du temps.
D’ailleurs certains orchestres font parfois subtilement comprendre qu’un bis ne sera pas bienvenu, même limite qu’il est hors de question d’en faire ! 😉

 

Comment choisir quelle pièce jouer ?
Deux stratégies :
Soit changer le caractère
Soit rester sur la même lancée et sur une même esthétique.

 

Il peut être bienvenu de proposer une pièce courte, un moment d’humour, de légèreté ou de haute voltige.
A Bogota, j’ai joué une Sarabande de Bach car je venais de présenter deux pièces très virtuoses.
J’avais besoin de créer un moment de méditation collective, un moment qui rappelle que la musique naît du silence et y retourne.

D’ailleurs, pour moi, en tant qu’interprète, la plus belle récompense est ce moment de temps suspendu après une telle pièce, ces longues secondes voire cette longue minute où tout le monde retient son souffle et entend le silence.


Magique !

C’était après le concerto de Tchaikovsky à Pärnu, Estonie

#8 Après avoir joué

Si on n’est pas trop épuisé, si on ne doit pas prendre un avion ou un train, et si on n’est pas immédiatement entouré d’amis venus écouter, il est très agréable d’aller écouter la 2e partie du concert. Souvent une symphonie.

On n’a pas toujours le temps de se changer.
Une étole sur les épaules, une veste rapidement enfilée, et on prend place discrètement (si possible) dans le public.

C’est un moment qui permet de profiter de la musique différemment, sachant qu’il n’est pas toujours simple d’écouter de la musique sans analyser quand on est musicien professionnel.

A Bogota, j’ai été très touchée par l’engagement du chef Joshua dos Santos et des musiciens de l’orchestre qui ont donné une 4e de Tchaikovsky enflammée !

Autographes

Au moment de sortir de scène, on se dit que ca y est : mission accomplie.
Mais attention !

A Bogota, j’ai été assaillie par des membres du public qui voulaient autographes et photos.

 

 

Cela arrive souvent au Japon, où tout est alors savamment organisé. L’artiste assis à une table équipé d’un joli feutre et le public bien organisé dans une file interminable.
Là, j’ai passé une heure debout à signer et poser avec des spectateurs !!
Les derniers autographes ressemblaient sans doute à des gribouillis … 😂

Mais ce sont des moments très chaleureux et très drôles !

 

#9 Après-concert

Les leitmotive de la journée se retrouvent : Manger, dormir…

 

Souvent on est amenés à dîner tard, trop tard…Si on n’ a pas mangé avant, juste grignoté des amandes ou autres, il faut bien se restaurer.
Si on trouve encore des restaurants ouverts…

Il peut y avoir une réception ou un dîner officiel. Parfois rien n’est prévu et alors plusieurs options se présentent plus ou moins improvisées :
– en petit comité avec des amis (une de mes variantes préférées),
– seul.e au restaurant (si on en trouve un d’ouvert !) ou
– seul.e à l’hôtel avec room-service (la déprime ! )

 

Bon, il y a des cas extrêmes…notamment quand tout est fermé, même la cuisine de l’hôtel car le concert finit trop tard. 😭

 

En fait, les after-concerts sont des moments souvent très conviviaux qui génèrent de belles conversations ou rencontres. On est encore sur un petit nuage, la musique résonne encore en nous.
Les conversations peuvent être légères. On se raconte des blagues, des potins.

Parfois ce sont aussi des moments étranges car la fatigue nous cueille d’un coup. On ressent la chute d’adrénaline, un coup de blues d’après le “high” du concert ! #coupdebarre

 

C’est le moment où on remet les pieds sur terre. Un peu comme Cendrillon au douzième coup de minuit !

Et puis, il faut rentrer à l’hôtel, faire sa valise.

 

Et là, c’est à chaque fois la même histoire.
Vous connaissez sans doute le phénomène. Est-il scientifiquement prouvé ?
Soudain, plus rien ne rentre dans votre valise !

 

De plus, il est souvent impossible de dormir. Trop d’adrénaline, on repasse le scénario du concert dans sa tête…
Il faut trouver des stratégies pour venir à bout des insomnies ! Télévision ou lectures…

#10 Retour

Le lendemain on enchaine ! Il faut repartir.
Parfois on arrive à rester quelques jours de plus, mais c’est rare. Cette fois-ci j’ai pu voler une demi-journée et visiter un peu encore.

 

Et c’est reparti pour les réjouissances du vol retour.
Avec les procédures de sécurité à l’aéroport dont je vous parlais dans les articles sur le voyage !






Fini la robe, les escarpins, le maquillage de scène…on est plutôt en jogging, lunettes, bas de contention – pas très glamour !

 

D’ailleurs, cette fois-ci, j’ai été surprise quand à Madrid lors de ma connexion, un couple qui avait assisté au concert s’est approché pour me reparler du concert.
Ils ont avoué avoir hésité à m’approcher…ils avaient du mal à me reconnaître !

Sacré contraste entre la violoniste en robe longue…
… J’aurais dû mettre des lunettes de soleil ! 😅

 

Le périple n’est vraiment terminé qu’une fois arrivée à la maison.
Quel soulagement de poser sa valise…

Avant de réaliser qu’il va falloir la défaire, faire la lessive pour préparer la suite…et puis, jeter un regard furtif dans le frigo pour se rendre compte …qu’il est vide !

Il y aussi la gestion du décalage horaire, dans le sens inverse !
Pour moi les voyages vers l’Ouest sont plus simples que ceux vers l’Est. Il existe quelques techniques…mais au fond, le corps a son rythme.

J’aime beaucoup cette image qui dit que lors de ces longs voyages, le corps arrive avant l’âme ! Et qu’il faut autant de temps à l’âme pour arriver que le jetlag à se défaire.

 

Bon, il ne faudrait pas sombrer dans un “blues” post-projet.

 

Comme me disait un ami qui se reconnaîtra :
“Entre deux dépressions, on fait de la musique !”
Cela pourrait être signé Woody Allen, n’est-ce pas ? 🤓

 

Le mieux, bien sûr, c’est enchaîner sur le projet suivant ! 😊

🎬

 

Alors, vous imaginiez cela comme cà une vie de soliste ?

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#23 – Une vie de soliste

#23 - Une vie de soliste
Une histoire de jetlag, de chef d’orchestre et de…guacamole ✈️🎼🌮

Cette semaine j’ai envie de vous parler de mon séjour à Bogota. J’ai été invitée à jouer avec l’Orchestre National de Colombie – l’Orquesta Sinfonica Nacional de Colombia.

 

Au programme, Introduction et Rondo Capriccioso de Saint-Saens et Tzigane de Ravel : mes pièces favorites du répertoire français de violon avec orchestre.
A la baguette, l’excellent chef d’orchestre vénézuélien Joshua dos Santos.

 

 

Le concert avait lieu dans le magnifique Teatro Colon de Bogota, une réplique du fameux théâtre du même nom à Buenos Aires.

 

C’était ma première fois en Colombie.

 

Le séjour fût passionnant. Plein de choses à vous raconter : de la ville géniale aux rencontres extraordinaires en passant par des conversations politiques éclairantes. D’ailleurs au moment de mon séjour, impossible de ne pas penser au contexte si tendu politiquement par la situation dramatique et brûlante au Vénézuela, pays frontalier de la Colombie. Le jour de mon arrivée, le président autoproclamé Guaido se réunissait à Bogota justement avec le président colombien et le président mexicain.

 

Mais avant cela, ce que j’aimerais partager avec vous, ce sont les coulisses de ce type de concert en soliste. J’aimerais vous raconter des aspects dont on ne parle pas souvent. Je vous avais déjà parlé des voyages du musicien lors de précédents articles.

 

 

Nous en étions restés à l’épreuve de l’aéroport. Vous vous souvenez de l’escape-game ?

 

 

Mais que se passe-t-il une fois arrivé à destination ?

 

Là encore, une succession de moments, parfois d’épreuves, en tout cas, un sacré déroulé.
Après la lecture de cet article, vous ne vous direz plus jamais que voyager pour donner un concert en soliste avec orchestre, c’est un peu être en vacances ! 😄

 

Au menu,
10 moments de la vie de soliste

  • 1. Arrivée à l’aéroport
  • 2. Rencontre avec le chef d’orchestre
  • 3. Répétitions avec orchestre
  • 4. Les interviews et temps libre
  • 5. Le jour du concert
  • 6. L’avant-concert
  • 7. Bis (or not…)
  • 8. Après avoir joué – la séance d’autographes
  • 9. L’après-concert
  • 10. Retour

#1. Arrivée à l’aéroport

Reprenons !

 

Avec un peu de chance, on vient chercher le soliste à l’aéroport.
Arrivée à Bogota, après un long vol avec connexion à Madrid, je suis soulagée d’apercevoir la pancarte : Maestra Marina Chiche.

 

Le chauffeur est un peu dubitatif en me voyant. Je suis en lunettes, baskets, les cheveux un peu ébouriffés. Normal après un vol de plus de 10 heures, non ? J’ai subtilement lutté pour poser mon bras sur l’accoudoir avec la personne assise à côté de moi , et surtout j’ai essayé de placer mes jambes de manière presque supportable (non, pas de business class cette fois). J’ai aussi sans doute regardé quelques films de trop. J’ai donc les yeux gonflés de sommeil.

 

Souvent la personne qui vient nous chercher ne nous connait que par nos photos promotionnelles avec maquillage, brushing et tenue de scène. Il est vrai qu’il faut alors un peu d’imagination…😅 Heureusement qu’il y a la boite de violon !

 

Me voilà installée dans la voiture. En route. J’adore ces moments où l’on découvre un pays pour la première fois. Dès les premiers instants, on prend la « température » et on se forme une image, même si les abords des aéroports sont souvent sordides.

 

Fascinant tout ce que l’on capte : comment les gens conduisent, la végétation, l’état des voitures, des bus, des transports en commun, le climat, la musique diffusée sur la radio de la voiture…

 

En fait, le processus commence bien avant, dès l’embarquement dans l’avion. On est dépaysé par la langue des passagers, les codes de conduite. Plus tard, le passage au contrôle de sécurité et vérification des passeports. Puis les pancartes à l’aéroport, les uniformes des agents de douane.

 

to sleep or not to sleep
Une fois arrivée à l’hôtel, quand rien d’officiel n’est prévu, le premier dilemme qui se pose, c’est le déroulement de la 1ère soirée et la gestion du jetlag.
Autrement dit, dormir pour récupérer du vol ou se forcer à tenir jusqu’au soir, pour se « caler » dans la nouvelle zone horaire.
⚠️ Il est toujours très dangereux de céder à la tentation de la sieste.

#2.Rencontre avec le chef d’orchestre

Un des premiers rendez-vous du planning du soliste est souvent la rencontre avec le chef d’orchestre.
Souvent assez informelle, cette rencontre permet de faire connaissance, si on ne se connait pas encore et de créer les bases de la collaboration musicale. Il s’agit de se mettre d’accord autour de la partition : choix de tempi, décisions pour certains « coins », les “virages” de l’œuvre. Souvent on joue soit la pièce en entier soit on isole des passages un peu plus problématiques, repérés par expérience.

 

 

Pendant que je joue les œuvres au violon, Joshua bat la mesure. Ce moment ressemble sans doute à la lecture d’un script à la table par des acteurs.
Je joue – seule – et il dirige « dans le vide ». Cela pourrait paraitre assez absurde vu de l’extérieur. Un peu comme de l’« air guitar ».

https://www.youtube.com/embed/R1dW8M4EqYY

Oui, j’ai choisi Bradley Cooper…

 

Ici on prend bien conscience du paradoxe du chef d’orchestre : à la fois la vanité de son rôle et son importance absolue. Le chef d’orchestre ne produit effectivement pas de son par lui-même (même si certains chantonnent ou produisent des bruits gutturaux incontrôlés ! mais ca, c’est une autre histoire 😉).
Pourtant lors de ce genre de session, on réalise tout de suite si on n’est pas d’accord ou si quelque chose n’est pas clair dans la compréhension mutuelle. Fascinant !

 

Le rôle d’accompagnateur pour un chef est un art particulièrement délicat. On pense souvent que le grand chef d’orchestre sera reconnu dans la symphonie qu’il dirigera seul. Mais l’art d’accompagner ou de suivre un soliste demande des qualités incroyables d’empathie, d’anticipation musicale et de réactivité technique. Non seulement il s’agit pour le chef d’arriver à prévoir ce que le soliste induit dans son interprétation (en espérant que la proposition est suffisamment « organique », logique ou, au moins, cohérente) mais aussi d’arriver à le transmettre aussitôt par une gestuelle claire et facilement lisible aux musiciens d’orchestre.

 

Dans certaines œuvres, accompagner un soliste instrumental n’est pas forcément plus simple que de suivre un chanteur à l’Opéra. Un grand spécialiste du genre est le grand chef indien Zubin Mehta. Parfois la main placée sur la hanche gauche, il se tourne vers le soliste.

 

 

J’ai d’ailleurs eu l’occasion de prendre conscience de la difficulté de l’exercice lors de l’académie de direction à Pärnu, Estonie dans le festival de Paavo Järvi. Paavo m’avait invitée à jouer le concerto de Tchaikovsky. Lors des sessions de cours pour les jeunes chefs, tour à tour Paavo Järvi, Neeme Järvi ou Leonid Grin venaient interrompre les chefs et leur donner des conseils. Parfois, ils prenaient le relai et montraient aux élèves comment faire.

 

 

Rien que par le regard Paavo arrivait à influencer la transmission d’informations à l’orchestre.

 

 

La qualité d’interaction entre soliste et chef d’orchestre est un vaste sujet. On peut citer quelques cas célèbres avec le modelage tel un Pygmalion d’Anne-Sophie Mutter, alors jeune violoniste par le chef allemand Herbert von Karajan. A l’opposé, la collaboration entre Anne-Sophie Mutter et le chef roumain Sergiu Celibidache tournera court dès la première répétition, sous forme de règlement de compte liée à l’inimitié entre les deux chefs d’ailleurs.

 

 

Le chef américain Lorin Maazel était impitoyable sur le moindre « débordement » injustifié d’un soliste : c’est-à-dire que si le soliste voulait prendre des libertés qui ne se justifiaient que sur un « ressenti » (Vous savez, le “Parce que je le sens comme ca”) et ne semblaient donc pas convaincantes au maestro, il rendait – par sa battue – la chose tout simplement impossible et recadrait tout de suite le propos musical.

 

En tant qu’interprète, il existe plusieurs « écoles » (ou stratégies):

 

– Il y a ceux qui ferment les yeux, mettre leurs œillères et foncent. Ils déroulent leur interprétation et assurent leur partie. En gros, c’est « Catch me if you can » ou « Qui m’aime me suive ».

 

– D’autres cherchent à se fondre avec l’orchestre et vont à tout prix au contact, en mode plus extraverti. Quitte à se mettre en danger, ou à finir très loin de leur propre vision de l’œuvre.

 

Sans doute, l’idéal réside dans une troisième voie, où de la rencontre du soliste avec le chef et l’orchestre nait une collaboration et l’élaboration d’une vision commune de l’œuvre.
La meilleure garantie pour arriver à un terrain d’entente passe au préalable par un souci d’organicité dans les choix musicaux.
Quand la cohérence est évidente, souvent cela résout bien des problèmes et enlève de nombreux points de discussion.

 

Pour le soliste, reste alors à trouver un équilibre entre être ouvert et garder son centre.

#3. Répétitions avec orchestre

La 1ère répétition avec l’orchestre est toujours un moment particulier, notamment si c’est la première fois que l’on joue avec un orchestre. C’est un moment d’inconnu, un “blind date”. Même si cela n’est pas formulé explicitement, on “se présente” à l’orchestre.

 

Souvent la situation est un peu déséquilibrée. Le soliste vient (normalement) super préparé. Il a souvent déjà beaucoup joué les pièces avec différents orchestres, quand il s’agit de pièces du grand répertoire, il connait tous les recoins de la partition. Si c’est la première fois, il a soigneusement étudié l’œuvre dans des sessions de travail personnel et connait sa partie sur le bout des doigts.
Pour cela on a revu et “filé” la pièce plusieurs fois en se faisant accompagner par un.e pianiste qui joue une réduction de la partie d’orchestre au piano. C’est d’ailleurs ainsi que l’on apprend les œuvres avec orchestre lors de nos études.

 

L’orchestre, par contre, qui enchaine programme – semaine après semaine – lit souvent l’œuvre au moment de la première répétition. Certaines œuvres font tellement partie du répertoire, que les musiciens d’orchestre les ont dans les doigts ou dans les oreilles au moins.

 

Mais parfois ce n’est pas le cas.

 

Soit le chef d’orchestre fait une lecture de l’œuvre avant l’arrivée du soliste pour préparer le terrain. Soit pour gagner du temps, il fait cette première lecture directement avec soliste.

 

Il ne faut surtout pas s’affoler face à ce moment d’entropie musicale ! Les orchestres professionnels ont souvent une capacité d’intégration impressionnante et une courbe d’évolution très rapide.

 

Un autre aspect notable en tant que soliste violoniste est qu’à notre droite, côté Jardin (puisqu’on est tourné face au public), se trouve une vingtaine de… violonistes. Difficile de ne pas se sentir jugé parfois, par des collègues qui souhaiteraient tout simplement…jouer à notre place. Il faut convaincre. Une fois le “test” tacite passé, on peut aussi recevoir un soutien très chaleureux de la part des collègues.

 

Il faut dire que les musiciens dans l’orchestre voient défiler les solistes et les chefs, semaine après semaine. C’est pourquoi il est important, dès la première répétition, de dégager une énergie “nucléaire” pour « contaminer » et emmener l’orchestre.

 

Il peut être particulièrement gratifiant d’établir un véritable contact musical avec les musiciens de l’orchestre. Certaines œuvres se prêtent merveilleusement à une attitude de musique de chambre élargie. Ainsi dans le Concerto de Beethoven, le violon ne fait souvent qu’ornementer la partie orchestrale ou dialoguer avec d’autres instruments (merveilleux solo de basson dans le finale). De même dans le Tchaikovsky (flûte,clarinette), ou dans le Brahms (cor, hautbois).

 

Lors de la répétition, il faut faire des choix et comprendre là où il faut intervenir, et là où les choses vont se mettre en place d’elles-mêmes, vont se “tasser” avec le temps.

 

 

Le temps, il y en a peu et il n’est pas rare que le chef préfère garder les (trop peu nombreuses) sessions de répétition pour travailler la symphonie.
Parfois, en tant que soliste, on doit se contenter d’une répétition-lecture et de la répétition générale le jour du concert.
Avec de l’expérience, on apprend à « faire confiance » et à être efficace dans la manière de cerner les besoins réels. On sait que l’adrénaline aidant, tout le monde se mobilisera au moment du concert.

 

Pendant la répétition, il est important de respecter la hiérarchie – c’est-à-dire de communiquer avec et par le chef. Parfois avec des orchestres que l’on connait bien et qui ont une culture de dialogue “démocratique”, en tant que soliste – en accord avec le chef, il peut être pratique de faire directement une suggestion à l’orchestre ou à tel musicien.
Mais gare aux courts-circuits !
L’orchestre est une structure fondée sur la hiérarchie – comme dans une entreprise, il faut bien sentir l’équilibre et comprendre les circuits de transmission des informations.

 

Là encore, tout un art de la communication.

#4.Interviews et temps libre

Social media

La communication, c’est aussi une grande partie du séjour du soliste. Avec l’explosion des réseaux sociaux, les orchestres communiquent de plus en plus et alimentent leurs comptes Facebook, Instagram ou Twitter. Alors, toutes les répétitions sont enregistrées ou filmées et sont diffusées, même lorsque le résultat est encore en devenir. On montre les cuisines !

https://www.youtube.com/embed/Sb_xcQsY-Kc

 

Et les interviews se multiplient. L’artiste convie le public au concert à travers les réseaux sociaux.
Parfois on a le luxe d’avoir des traducteurs pour éviter d’être “lost in translation”. Le plus souvent on s’exprime en anglais. Ou on se risque à convoquer des souvenirs lointains de la langue du pays… 😉

https://embed.fbsbx.com/embed_instagram.php?url=https%3A%2F%2Fwww.instagram.com%2Fp%2FBuaICc4ilkA

Masterclasses

Souvent à ce planning se rajoutent des masterclasses. Ces moments sont précieux car ils créent un espace d’échange, et dans ce cadre, on peut apporter une valeur supplémentaire. Est-ce suffisant pour justifier l’empreinte carbone insensée générée par ces voyages lointains ? Je ne sais pas.

 

Mais en tout cas, ces moments sont riches d’enseignement et peuvent représenter un vrai moment de transmission et de partage.

 

J’ai été particulièrement touchée cette fois-ci à Bogota, car outre quelques jeunes étudiants, dont certains très talentueux, qui ont participé, des musiciens de l’orchestre ont voulu jouer à la masterclasse. Cela demande une telle humilité et un tel courage de s’exposer dans une position d’étudiant alors qu’on est professionnel. Chapeau !

Moments volés et visite de musée

Interviews, masterclasses, répétitions avec orchestre…Avec tout cela, il reste bien peu de temps pour travailler personnellement et alors… que dire du temps libre ?!

 

Cet emploi de temps chargé peut rendre la chose frustrante. Être au bout du monde sans pouvoir visiter les lieux. Il faut voler des moments pour, au moins, prendre le pouls de la ville : par exemple, si possible, marcher à l’hôtel ou dans les alentours de la salle de concert, prendre un café et observer.

 

 

Pourtant je me dis parfois que cette urgence rend peut-être les moments volés encore plus magiques. Ainsi j’ai été saisie par ma visite du Musée Botero.

 

 

Je n’étais pas forcément « fan » de Botero. Et là, j’ai été saisie de plein fouet. Cela a pris une toute autre signification pour moi et a suscité une réflexion sur la normativité, j’ai vu de l’ironie sans contestation ou violence, l’expression de quelque chose de profondément sud-américain et une immense liberté dans ce style si personnel.

 

Sans parler du lieu magnifique du musée, bâtiment colonial. Un havre de paix avec des patios aux fontaines – des petits « paradis », au sens littéral du terme, des jardins hors-du temps.

 

 

Lors d’un passage rapide dans le centre Gabriel Garcia Marquez doté d’une très belle librairie, j’ai pu voir quels livres étaient mis sur les présentoirs. Fou ce que l’on peut « capter » au passage. Par exemple, connaissez-vous le concept d’« Economia naranja », autrement dit l’économie orange, programme économique centré sur l’innovation et la création de valeurs avec lequel le président Duque a fait campagne ?

Hospitalité et privilège de rencontres

Et le temps libre, c’est aussi et surtout la rencontre de nouveaux amis et l’expérience d’une hospitalité incroyable.

 

Cette fois-ci j’ai été invitée par des musiciens de l’orchestre qui ont cuisiné des spécialités. Un guacamole d’anthologie et des cachapas rellenas de pollo – des crêpes de mais fourrées au poulet. Un régal !

 

 

Ces rencontres sont un privilège.
Il faut dire que le monde de la musique est petit ! Il est toujours fascinant de rencontrer la communauté de musiciens à travers le monde entier et de se découvrir des amis communs dans tous les pays.

Des parcours de vie parfois dignes de romans

Ainsi L., née en Russie d’un couple chilo-colombien, qui a grandi en France puis étudié au Pays-Bas, avant de jouer dans un orchestre au Vénézuéla et d’habiter maintenant à Bogota.

 

Ou D., péruvien, qui a joué dans le cadre des orchestres El Sistema au Vénézuela avant d’aller étudier en Allemagne, jouer dans des orchestres allemands pendant dix ans puis rentrer au Brésil avant de s’installer à Buenos Aires.

Cela donne follement envie de prendre la plume, quelle matière romanesque que ces musiciens – nomades !

 

Ce sont aussi des conversations politiques passionnantes qui font comprendre les biais cognitifs et culturels qui agissent sur notre perception.

 

Cela commence dès le matin avec le contact avec les média locaux. La chaîne CNN allumée sur la télévision locale au petit-déjeuner ou les journaux colombiens, où on ne parle que de Trump et de Vénézuela. Le centre est ailleurs. Le “news cycle” – très différent.

 

 

Ce sont aussi des conversations à bâton rompu sur El Sistema avec Joshua, le chef vénézuélien. Lors de ces conversations intimes, il devient possible de comprendre des choses que l’on ne lit pas dans la presse ou dans les journaux. Du partage d’expérience en OFF, hors micro.

 

Dans ces moments, je me sens mi-reporter, mi-citoyenne du monde.
En tout cas, privilégiée de cette ouverture sur d’autres horizons et reconnaissante de nouvelles amitiés.

(…)
La suite au prochain numéro !
Je vous parlerai de la suite : le jour J – le jour du concert !

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#22 – Zidane/Heifetz – même combat !

#22 - Zidane/Heifetz - même combat !
Une histoire de foot, de violon et de … Dalida ! ⚽️🎻👩

Cette semaine à peine rentrée de Bogota, j’enchaine avec une session d’enregistrement.
Nous rentrons en studio pour quelques jours avec Aurélien Pontier – sortie du CD prévu pour début 2020 !
Pour l’instant le programme est top secret. 🤐
Mais vous serez les premiers informés bien sûr !

 

J’aurais tant de choses à vous raconter à propos du séjour en Colombie ! D’ailleurs plusieurs idées d’articles me sont venues pendant le séjour. Alors, promis, je vous concocte un article pour la semaine prochaine.📝

 

Aujourd’hui je partage avec vous un lien assez …improbable.

 

Le mois dernier j’ai été filmée par CNN pour un documentaire sur Gianliugi Buffon – vous savez, un des plus grands goals de l’histoire du foot qui joue maintenant au PSG ( Eh oui, personne n’est parfait !)

 

Si,si !

 

Mon amour du foot remonte à l’enfance, à Marseille (impossible d’y échapper !) . Et je ne le cache pas. ❤️

 

Je vous en parlais déjà notamment au sujet de mon amour de la radio et des commentateurs sportifs comme Eugène Saccomano ou Jacques Vendroux, qui d’ailleurs vient de prendre sa retraite et que j’ai eu la chance de rencontrer lors d’émissions sur France Musique.

 

 

J’ai d’ailleurs souvent joué en festival d’été avec mon maillot de l’équipe de France – j’ai le numéro 12 de Thierry Henry. Maillot collector puisqu’il n’a aucune étoile ! Avant 1998 !!!

 

 

Un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître…

 

En 2006, j’ai eu l’honneur d’avoir un portrait VIP dans SoFoot en 2006 dans lequel je parle de violon et de Titi – je raconte comment en regardant à la TV ses accélérations insensées lors du tournoi Hassan II, j’ai réussi à franchir un cap dans ma technique d’archet.

 

Si, si !

Article dans Marseille Hebdo

 

Suite à cela, j’ai été invitée à faire des commentaires d’après-match sur l’EquipeTV. J’étais en compagnie d’Olivier Ménard, Angel Marcos, Jacques Santini.

La vidéo est en cours de traitement…

 

Incroyable… En regardant le match – très tendu, j’ai hurlé plus d’une fois… C’était France-Togo, vous vous souvenez ? Un match couperet !

 

Et nous avons eu des conversations passionnantes.
Angel, ancien entraîneur du FC Nantes, m’a appris plein de choses sur la manière de composer une équipe et sur les tactiques de jeu.

 

Et puis, dans la foulée, j’ai donné une série de chroniques sur France Musique autour de la relation « Musique et Foot ».
J’ai établi des liens et décliné la thématique autour

  • des hymnes nationaux en diffusant différentes versions de la Marseillaise

https://www.youtube.com/embed/mLq7EcvRaf0

https://www.youtube.com/embed/QyjJ3ThpRkA

 

ou de l’hymne allemand version… quatuor de Haydn.

https://www.youtube.com/embed/qoWdtGUe5fc

A partir de 6’57

  • de la virtuosité chez les grands footballeurs comme chez les grands interprètes. L’aisance, la vitesse, la vitesse et la nonchalance. En somme, Zidane et Heifetz – même combat !

https://www.youtube.com/embed/DFkyHy-MXjU

  • de l’ambiance sonore de stades : il n’y a qu’un pas entre chants de supporters qui se répondent d’un virage à l’autre et un opéra de Wagner ( Le vaisseau fantôme !).
    Stade = Opéra
  • des chants-culte comme « You will never walk alone » repris par les 3 ténors

https://www.youtube.com/embed/T5Obrj3IjBY

 

Bref ! Musique + foot + radio = Je me suis régalée.

 

Alors, je vous laisse regarder ce joli documentaire sur Buffon.
Même si il nous a tous brisé le coeur en interceptant la tête de Zidane qui aurait pu nous faire gagner la coupe du Monde 2006, (et je ne parle pas du coup de boule de ZZ…) 😭

https://www.youtube.com/embed/m-I4__JG9JI

 

il faut reconnaître que ce type est une légende !

 

Gigi… !

 

 

https://edition.cnn.com/videos/sports/2019/03/04/gianluigi-buffon-special-paris-saint-germain-juventus-uefa-champions-league-football-ctw-spt-intl.cnn

 

Et vous, le foot, ca vous branche ?

 

🎬

 

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#21 – Frédéric Lodéon, une interview (2/2)

#21 - Frédéric Lodéon, une interview (2/2)
Une histoire de mentors, de public et de ... western ! 📻

La semaine dernière je vous dévoilais les épisodes 1 et 2 de mon entretien avec Frédéric Lodéon.

 

 

avec au menu :

 

Aujourd’hui, épisodes 3 et 4 !

Episode III. Entre médias et musique - les mentors

Au vu de la trajectoire de Frédéric, entre musique et médias, pas étonnant de distinguer deux mentors d’un sacré calibre :

 

– Le mentor des médias : Jacques Chancel rencontré lors des Grands Echiquiers et

 

– le mentor de violoncelle, de musique… et de vie : Mstislav Rostropovitch, l’immense violoncelliste.

  • Parlons de Rostro

 

Rostro, c’est bien sûr le surnom habituel de Mstislav Rostropovitch – alias Slava pour les intimes.

 

En 1977 Frédéric remporte le 1er Prix du concours Rostropovich « pour la musique contemporaine ». Sacré intitulé ! Le concours est une aventure romanesque car Frédéric y arrive comme grand favori. Avec au fond, tout à perdre.

 

Imaginez !

 

En 1976 Frédéric a tourné avec le concerto de Dutilleux, qu’il a appris à la demande du compositeur comme « doublure » de Rostro. Le compositeur tiendra d’ailleurs promesse. Même si Rostro ayant obtenu son visa, fait finalement la création à Paris, Dutilleux fera programmer Frédéric. Il jouera “Tout un monde lointain” avec le Philharmonique de Radio France, à Amsterdam, à Lille, à Strasbourg et à Tours !

 

Rostro avec Dutilleux

 

En 1976 Frédéric joue aussi avec l’Orchestre de Paris les variations Roccoco sous la direction de Colin Davis.

 

Le Concours Rostropovich

 

Rostropovich souhaite organiser un concours comme le célèbre concours Tchaikovsky à Moscou. Il demande à son ami Claude Samuel de l’aider à l’organiser. Impossible de trouver une salle à Paris. Alors Claude Samuel propose d’amener le concours à la Rochelle, où il dirige un festival.

 

Malgré la désapprobation de Daria Hovora, sa partenaire pianiste, Frédéric se décide à y prendre part – “par amour pour Rostro”, qu’il connait déjà.
Mémoire impressionnante. Il se souvient de chaque détail, comme si c’était hier.

 

En finale, le 2e concerto de Shostakovich. Dans les épreuves précédentes, il joue avec Daria, qu’il a quand même réussi à convaincre de venir, la 4e sonate de Beethoven, la Suite italienne de Stravinsky mais aussi Kottos pour violoncelle seul de Xenakis, le compositeur grec dont le langage est extrêmement complexe. Frédéric avoue avoir improvisé des passages littéralement injouables !

 

Xenakis siège d’ailleurs dans le jury !

 

Un jury…improbable :
avec les compositeurs Henri Dutilleux, Luciano Berio et Yannis Xenakis ainsi que les violoncellistes Zara Nemtsova, Pierre Penassou du Quatuor Parrenin et bien sûr Rostro.

 

Frédéric, du haut de sa carrière déjà florissante avec son beau costard n’a pas les faveurs de tous les membres de ce jury coloré… !

 

Les intrigues vont bon train. Mais cette fois, Rostro est derrière son poulain. Frédéric remporte ex aequo le 1er prix. Il ne faut pas non plus exagérer ! Il sera d’ailleurs le français de l’histoire du concours à remporter le 1er prix.

 

 

Tout en exprimant son admiration pour le musicien Rostro, Frédéric souligne aussi la complexité du personnage. Son immense talent et son image bonhomme ne sauraient cacher un goût du pouvoir prononcé. Bref ! Humain, trop humain.

 

Mais ce sont aussi des moments d’inspiration pure que reçoit Frédéric auprès de Slava.

 

Lors de rencontres privilégiées, le grand violoncelliste russe raconte ses expériences auprès des compositeurs qu’il a fréquentés intimement que ce soit Shostakovich ou Prokofiev.

 

 

Avec Rostro, on ne parle pas de technique, mais on parle musique, imagination.

 

Assis au piano, il connait tout de mémoire. Ainsi lorsqu’il montre la mort de Don Quichotte dans la pièce éponyme de Richard Strauss, il s’effondre de manière si saisissante… que Frédéric se demande si le maître ne vient pas de laisser s’échapper son dernier souffle. Littéralement – « Un comédien infernal ! »

https://www.youtube.com/embed/-nXKxoIVQhw

 

Frédéric rentre dans l’intimité du couple Rostro et de son épouse, la grande chanteuse Galina Vishnevskaya. Lors d’une soirée où il est invité chez eux, sur la table – saucisson et escargots. (Une “horreur” ). Frédéric amène des mets raffinés, du champagne, du saumon fumé.

 

Il se fait bien sûr gronder, pour la forme, comme si il avait fallu venir les mains vides : « Plus jamais ça, Frédéritchik ! »

 

Mais évidemment, Slava, les yeux gourmands se réjouit et s’empresse de mettre le saumon et le champagne au frais.
Tout un poème !

  • L’autre mentor, non moins impressionnant, c’est Jacques Chancel.

 

Lors du Grand Echiquier de Mars 76 c’est lui qui a révélé les capacités médiatiques de Frédéric.

 

Le jeune Frédéric sous le regard de Jacques Chancel

 

En 1989, suite à un changement de direction, le Grand Echiquier est arrêté. Mais en 1990 Chancel est nommé directeur d’antenne sur FR3. Il propose à Frédéric une émission de musique classique. Ce sera Musique, Maestro !

 

« Attention de bien l’écrire ! » me dit Frédéric.
« Avec deux majuscules et un point d’exclamation : ça claque ! »

 

C’est vrai !

 

Frédéric est ravi. On annonce six épisodes. Mais après la première, levée de bouclier de collègues jaloux. C’est sans compter sur le public, qui contre-attaque et réclame ce qui a été annoncé ! La rédaction de l’antenne est inondée de lettres. À nouveau !

 

On reprend alors l’émission comme prévu !

 

Frédéric me décline de mémoire les mois et les lieux des émissions : chaque numéro fait découvrir un orchestre de région.

  • Février 91 : orchestre du Capitole avec Michel Plasson
  • Mars 91 : Orchestre d’Auvergne avec Jean-Jacques Kantorow
  • Avril 91 : Orchestre de Montpellier avec René Koering
  • Mai 91: Orchestre de Bordeaux avec Alain Lombard
  • Juin 91 : Orchestre de Strasbourg avec Theodor Guschlbauer

 

Cela laisse rêveur…

 

Lors de la conception de l’émission, l’ambiance est houleuse avec la production.

 

Frédéric, meurtri, appelle Chancel et exprime sa déception: « Vous m’aviez promis le paradis, et c’est l’enfer ».

 

Le mentor ne se laisse pas attendrir et remet Frédéric en place aussi sec.

 

« Je te donne une chance, et voilà ce que tu as à me dire ? Premièrement, si tu ne peux pas le faire, je prendrai quelqu’un d’autre. Deuxièmement, prends le pouvoir ! »

 

A la dure…mais efficace.

 

Frédéric se ressaisit aussitôt. Il remet les choses en place de son côté. Un coup de fil bien envoyé, et l’aventure se poursuivra avec un autre producteur.

 

Voila de sacrées leçons de vie !

Episode IV. Du violoncelle au discours musical

La relation au violoncelle de Frédéric n’est pas si simple. Des débuts en opposition avec sa maman jusqu’aux succès éclatants des concours et des concerts avec orchestre, Frédéric me laisse entrevoir des zones d’ombre.

 

Il y a d’abord l’objet-violoncelle, si lourd à transporter.

 

Je vous en parlais lors du voyage vers Paris dans l’enfance pour aller jouer à Navarra. Mais ce thème revient dans notre conversation plusieurs fois.

 

« C’est une torture de transporter la boîte de violoncelle aux quatre coins du monde » concède Frédéric. Sans parler de prendre l’avion avec : « Un cauchemar ! »

 

Et puis, il me révèle une pudeur voire une gêne extrême par rapport au voisinage lorsqu’il travaillait son instrument. Il ne fallait surtout pas que quelqu’un l’entende ! Il arrêtera de jouer à 18h quand il apprendra qu’une voisine l’écoute. Il ira même jusqu’à déménager quand il réalisera que sa voisine du dessus est une critique musicale d’un grand journal.

 

En 1989 Frédéric se fait mal au poignet – une foulure « pas grand chose, en fait ! » me confie-t-il. Le fait de ne pas pouvoir jouer temporairement l’amène à découvrir d’autres possibilités ou plutôt d’autres vies possibles. Il fait ses premiers pas avec la direction d’orchestre, jeté dans le grand bain par son ami, Laurent Petitgirard.

 

« Tu n’es pas plus bête qu’un autre. »

 

Il se lance lors de concerts sur le bateau « le France » et tout se passe à merveille. Sa musicalité l’accompagne.

 

C’est juste après que Chancel lui propose la série d’émissions « Musique, Maestro ! ».

 

A ce moment-là, Frédéric réalise qu’une autre vie est non seulement possible mais en train d’advenir.

 

Et au fond, on peut se dire que sa mère qui avait pressenti et alimenté son talent pour le verbe pouvait peut-être enfin se réjouir pleinement ?

 

D’ailleurs il faut signaler que Frédéric sera honoré plus tard en 2007 par le Prix Richelieu. Prix décerné par un jury de haute voltige à un journaliste pour la qualité de son usage de la langue française, c’est dire !

 

Sa carrière à la télévision puis à la radio est impressionnante. Pourtant Frédéric doit faire preuve de persévérance et de ténacité. Cette carrière se développe dans le cadre d’un véritable western politique. Il y a beaucoup d’influences politiques en jeu et donc beaucoup de péripéties. Heureusement en contrepoint à la valse des directeurs, on retrouve le soutien du public comme leitmotiv.

 

Entre les directeurs qui trouvent la musique classique trop élitiste et ceux qui avouent littéralement que « Ca n’est pas leur truc », il y a de quoi pâlir.

 

Frédéric peut se targuer d’une impressionnante liste d’émissions : sur France Inter bien sûr, c’est le Carrefour de Lodéon face à Bouvard sur RTL et Ruquier sur Europe 1. « Il m’est arrivé de dépasser Ruquier ! » tout est dans l’art de la contre-programmation !

 

Il y a aussi les Grands Concerts de Radio France qui s’ouvrait après le Masque et la Plume le Dimanche soir avec la musique inoubliable de Delibes : la Mazurka de Coppélia !

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Sur France Musique, c’est « Le Pavé dans la mare » jusqu’en 2006 puis Plaisirs d’amour jusqu’en 2014.

 

Sa notoriété, Frédéric l’attribue aussi beaucoup à la télévision. « Ah, l’exposition à la téle ! ». Il faut dire qu’il présente pas moins de dix-sept fois les Victoires de la Musique classique, un record !

 

Il est en tandem avec une longue liste de co-présentateurs : Patrick de Carolis, Marie Drucker, Louis Laforgue, Claire Chazal, Leïla Kaddour-Boudadi.

 

 

Le soutien que le public lui témoigne tout au long de sa carrière n’est pas volé ! C’est un vrai amour du public qui anime Frédéric et une conviction profonde qu’il faut rendre la musique classique accessible.

 

En fait, son public imaginaire, ce sont ses copains de bistro, des travailleurs. Il comprend qu’il faut diffuser des extraits d’un format d’une chanson et qu’il faut raconter une histoire. Le but, c’est de « trouver le dénominateur commun entre Beethoven et l’auditeur pour dégager l’humain». Voilà !

 

Depuis 2014 Frédéric amène le Carrefour de Lodéon sur France Musique. Il y est heureux, avec le soutien de sa direction. C’est un état de bonheur et de sérénité avec Marc Voinchet et Stéphane Grant.

 

 

Un brin sentimental, même. Lorsque Marc Voinchet amène une bouteille de champagne pour féliciter Frédéric des bons résultats de l’audimat, on entend le « pop » de la bouteille débouchée à l’antenne. Et Frédéric garde le fil de fer de la bouteille comme un talisman, une marque d’affection.

 

« Il est peut-être plus tard qu’on ne croit ! » me dit Frédéric pour refermer notre entretien.

 

Il aimerait lever un peu le pied. Il faut dire qu’il travaille comme un acharné… mais le public et sa direction l’aiment.

 

Moi, je reste médusée face à une vie si riche et je suis comblée face à un tel partage.

 

Car les questions que je me posais en allant interviewer Frédéric relevaient de cet ordre des choses.

 

Vous savez, ces questions somme toute universelles :

 

Comment nait une vocation ?
Comment décide-t-on de s’engager dans la voie de musicien professionnel ?
Comment se dessine un chemin de vie face aux aléas de la vie ?
Comment devient-on qui l’on est et même qui l’on ne savait pas pouvoir être ?

 

Je suis ressortie avec des leçons de vie partagées et des histoires à n’en plus finir.
Car vous vous en doutez, je ne vous ai pas raconté la moitié !

 

Que d’inspiration !

 

Alors, merci, Frédéric pour ce partage incroyable !

 

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